Nigéria : Certains États veulent fermer les écoles coraniques

Depuis des années, la volonté des autorités du nord du Nigeria de fermer les medersas se heurte aux traditions et au poids des religieux. Mais après la fermeture des écoles pour cause de coronavirus, 19 États ont annoncé que ces établissements coraniques ne rouvriraient pas, selon l’AFP.

Les Nations unies estiment que 1,5 million d'enfants sont scolarisés dans ces centres islamiques informels dans le seul État de Kano, le plus peuplé du nord du Nigeria, avec 14 millions d'habitants. « La pandémie de Covid-19 nous donne l’opportunité de recenser les Almajaris (appellation locale des élèves des écoles coraniques), de les tester et les rapatrier dans leur famille », a déclaré Nasir Ahmad El-Rufai, le gouverneur de l’Etat du Kano. En avril, à cause de la pandémie, les écoles classiques et coraniques du pays ont été fermées. « Nous voulons interdire ce système. Nous souhaitons que chaque enfant soit auprès de ses parents », a ajouté le gouverneur. Il a promis de renvoyer 250 000 élèves chez eux, mais, pour l'instant, trois mois après la mise en place des premières mesures de confinement, seuls 1 500 enfants sont repartis.

Sévices et tortures

Depuis des années, plusieurs cas de maltraitances et de tortures d’enfants ont été signalés dans certaines écoles coraniques dans les états du nord du Nigeria. Mais fin septembre 2019, la découverte d’enfants torturés et enchaînés dans une école coranique, où ils avaient subi de multiples sévices, allant jusqu’au viol selon des témoignages, avait provoqué un très vif émoi. Lors de cette descente, la police de Kaduna a découvert plus de 300 élèves et étudiants de « nationalités différentes » enfermés et enchaînés dans ce que les médias ont surnommé « la maison de l'horreur ». Les responsables de l'établissement les faisaient vivre dans « des conditions inhumaines et dégradantes, sous couvert de leur apprendre le Coran et de les redresser », expliquait le porte-parole de la police. Mais les religieux musulmans, qui gardent une influence très importante sur la population et dans le monde politique, et des chefs traditionnels, dans ces États où la charia, la loi islamique, est en vigueur, ont vivement protesté, dénonçant une tentative de « détruire le système traditionnel d'apprentissage du Coran ». Selon une ONG locale interrogée par l’AFP, la solution serait plutôt de réformer ces écoles, puisque certains enfants déscolarisés pourraient selon certains observateurs rejoindre les rangs du groupe terroriste Boko-Haram.

Boubacar Sidiki Haidara

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