Si le terme de génocide paraît un peu fort pour qualifier la situation actuelle en Centrafrique, selon certains observateurs elle n’en demeure pas moins préoccupante.
Le Secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des questions humanitaires a réitéré devant le Conseil de Sécurité, le 22 août 2017, son appel à un renforcement de la mission de l’ONU sur place pour protéger les populations civiles.
Ce sont environ 2 100 réfugiés musulmans qui ont été accueilis à la mission catholique de Bangassou, une ville située au sud-est de la Centrafrique, depuis environ 3 mois, a declare le 31 août Monseigneur Juan José Aguirre, Évêque de cette église.
Élu en 2016, le Président Faustin Archange Touadéra, dans son discours à la Nation à l’occasion du 57è anniversaire de l’indépendance, a lancé un avertissement. « Je demande aux commanditaires d’arrêter leurs machinations et artifices coupables, car la justice sera implacable », a-t-il déclaré. Un avertissement qui apparaît comme un aveu d’impuissance, tant le pays semble installé dans un cycle de violences depuis 2013.
Ces violences récurrentes s’accompagnent d’une dégradation sensible de la situation humanitaire. Dans un rapport publié en juin dernier, l’ONU a attiré l’attention sur le manque de fonds pour aider les populations centrafricaines et estimé que près de la moitié des 4,5 millions d’habitants dépendait de l’aide humanitaire et que 2 personnes sur 3 n’avaient pas accès à l’eau potable. Près de 40 000 enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition, selon le même rapport. Pour les spécialistes, le plan de réponse humanitaire 2017, estimé à 399,5 millions de dollars, n’a été couvert qu’à hauteur de 25%.
Face à ces enjeux et aux risques d’une nouvelle crise, les réponses semblent bien en deçà des défis à relever. Le 20 juin 2017, 24 heures seulement après un accord entre le gouvernement et 13 groupes armés, une attaque faisait 40 morts et plus de 35 blessés dans la ville de Bria, située à environ 600 km de Bangui, la capitale centrafricaine.
La multiplication des groupes armés et leur désir de contrôler les ressources minières du pays constituent aussi des enjeux importants. Comme dans toutes les crises qui appellent des médiations « multidimensionnelles », « la complémentarité des initiatives politiques et communautaires reste à bâtir. Et cela n’est possible que si les médiateurs de tous ordres reconnaissent l’effet pervers de leur concurrence et l’effet positif de leur coopération », selon Thierry Vircoulon, ancien chercheur à l’ICG (International Crisis Group).
Fatoumata Maguiraga