Le bras de fer entre le Président Vaz et ses ex-ministres se poursuit. Le gouvernement du nouveau Premier ministre, Baciro Dja, contesté qui plus est, n’est toujours pas connu. Tous les ingrédients d’une crise politique sont réunis.
La Guinée Bissau est bloquée et le bout du tunnel semble loin. Le 12 mai dernier, le président José Mário Vaz a limogé le Premier ministre Carlos Correia et son gouvernement sur fond de malentendu entre les deux hommes, pourtant tous deux issus du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap Vert (PAIGC, au pouvoir). Mais Correia et ses ministres refusent de reconnaitre le nouveau Premier ministre nommé le 27 mai, Baciro Dja, celui-là même dont la nomination à ce poste avait été invalidée, en août 2015, par la Cour suprême et contestée par le PAIGC. Ce qui l’avait conduit à démissionner en septembre 2015. Sa nouvelle nomination a provoqué l’ire des figures du parti, qui avaient pourtant averti le président Vaz qu’elles ne le reconnaitraient pas. L’ancienne équipe occupe toujours le palais gouvernemental, protégée par ses gardes du corps, face à la police anti-émeute qui a reçu l’ordre de les déloger. Il ne fait aucun doute que le pays se trouve dans une situation de blocage, et la possibilité d’un affrontement entre les deux camps n’est pas exclue. Une mission de la Commission interparlementaire de prévention et résolution des risques de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est à pied d’œuvre à Bissau pour trouver une solution. La Communauté internationale, par la voix de Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest et au Sahel, n’a pas fait mystère de son inquiétude face à cette situation : « nous sommes vraiment préoccupés par l’impasse qui continue en Guinée-Bissau et qui crée une situation difficile pour la population parce qu’avec le blocage, il est devenu difficile pour les partenaires de la Guinée-Bissau de travailler avec le gouvernement ». Cette ancienne colonie portugaise, devenue indépendante en 1974, va-t-elle retrouver son statut de nation instable ?
B. Sangaré