Les responsables de la protestation au Soudan ont convenu de mettre fin à leur campagne de désobéissance civile, lancée après une répression contre les manifestants, et de reprendre les pourparlers avec les généraux au pouvoir, a annoncé mardi un médiateur éthiopien.
« L'Alliance pour la liberté et le changement a décidé de mettre fin à la désobéissance civile (campagne) à compter d'aujourd'hui (mardi) » a lancé à la presse Mahmoud Drir, médiateur depuis la visite du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, la semaine dernière. Le mouvement de protestation lui-même a déclaré dans un communiqué qu'il appelait les gens à « reprendre le travail à partir de mercredi ».
Reprise des activités Cette annonce fait suite à un accord obtenu par le premier ministre éthiopien. De son côté, le Conseil militaire de transition (TMC) a accepté de libérer tous les détenus politiques interpellés depuis le début de la contestation. Les leaders de la protestation avaient lancé dimanche une campagne nationale de désobéissance civile après la répression exercée le 3 juin sur un sit-in, qui avait duré une semaine et causé la mort de dizaines de personnes.
La vie a repris timidement à Khartoum mercredi, après la décision de la contestation soudanaise de mettre fin au mouvement de désobéissance civile lancé après la répression meurtrière, afin de donner une chance à une reprise de pourparlers avec les généraux au pouvoir. Malgré la réouverture de certains magasins, le fonctionnement des transports publics et l'appel de la contestation à reprendre le travail, beaucoup d'habitants semblent toutefois préférer rester chez eux, en raison du déploiement toujours massif de forces de sécurité lourdement armées. Les pourparlers entre les deux camps avaient été suspendus le 20 mai, chaque partie voulant diriger la future instance censée mener la transition pendant trois ans. Mardi soir, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné fermement les violences contre les civils et demandé qu'elles cessent immédiatement. Il a souligné l'importance du respect des droits humains et appelé à la reprise du dialogue. Selon un comité de médecins proche de la contestation, plus d'une centaine de personnes ont été tuées depuis le durcissement de la répression et plus de 500 blessées, la majorité dans la dispersion du sit-in. Les autorités estiment à 61 le nombre de morts, dont 49 par tirs à balles réelles, dans la seule ville de Khartoum.
Ouakaltio OUATTARA