Les relations entre les États-Unis et le Zimbabwe sont tendues depuis près de deux décennies, principalement en raison du programme de réforme agraire de Harare, auquel Washington s'était fermement opposé, l'accusant de violations des droits de l'Homme, accusation niée par le Zimbabwe.
Le parti au pouvoir au Zimbabwe, la ZANU-PF, a demandé le 27 juillet à l'ambassadeur des États-Unis, Brian Nichols, de mettre fin aux activités de déstabilisation visant le pays sous peine d'être expulsé. Depuis que les États-Unis ont imposé des sanctions en 2003, les relations entre les deux pays sont restées tendues, Harare accusant aujourd’hui Washington de financer des opposants politiques pour faire tomber de façon inconstitutionnelle le gouvernement du Président Emmerson Mnangagwa. L'avertissement du parti est survenu alors que les groupes d'opposition prévoient d'organiser une manifestation antigouvernementale le 31 juillet, malgré le confinement actuellement en place pour lutter contre la Covid-19. Le gouvernement zimbabwéen a accusé les États-Unis d'avoir orchestré cette manifestation. « Il (M. Nichols) continue à être impliqué dans des actes de sabotage de notre République et s'il persiste à mobiliser et à financer les troubles, à coordonner la violence et à entraîner l'insurrection, nos dirigeants n'hésiteront pas à lui remettre des ordres de marche », a déclaré Patrick Chinamasa, Secrétaire à l'information par intérim de la ZANU-PF, lors d'un point de presse. Il a cependant précisé que la réprimande adressée par le parti au diplomate américain n'était pas un affront aux efforts de réengagement actuellement entrepris par le gouvernement. « Nous continuerons à nous réengager et à nous engager, même avec l'ennemi, plus avec l'ennemi qu'avec nos amis, parce qu'il faut que l'ennemi comprenne que ce qu'il fait n'est pas bien », a indiqué M. Chinamasa. L'ambassade américaine a rejeté les accusations selon lesquelles elle tenterait de déstabiliser le pays.
Arrestations
Les groupes d'opposition ont accusé le gouvernement d'utiliser la pandémie pour réprimer les libertés fondamentales, y compris le droit de réunion pacifique. Dans un communiqué, le lundi 27 juillet, les forces de l'ordre ont demandé des informations sur la localisation de quatorze opposants, après avoir déjà procédé la semaine dernière aux arrestations d’un journaliste et d’un député d’opposition, ainsi que de responsables de la société civile. Le Haut-commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU a réagi aux arrestations, demandant aux autorités de ne pas utiliser la lutte contre la Covid-19 pour réprimer les libertés.
Boubacar Sidiki Haidara