Le Président zambien Edgar Lungu a estimé que l’ambassadeur des États-Unis n’était plus le bienvenu, après ses propos dénonçant la condamnation à quinze ans de prison d’un couple d’homosexuels.
Le mois dernier, le diplomate américain Daniel Foote s’était publiquement dit « horrifié » de cette décision, suscitant des réactions extrêmement vives. Steven Samba et Japhet Chataba, âgés d’une trentaine d’années, avaient été reconnus coupables d’actes « non naturels » en août 2018 et condamnés à 15 ans de prison. Leur appel contre cette décision a été rejeté.
Dénoncé par ses opposants pour ses pratiques autoritaires, M. Lungu a vivement critiqué les propos de l’ambassadeur lors d’une allocution dimanche, devant une congrégation religieuse de Choma, dans le sud de la Zambie. « Vous devez savoir que nous avons formellement protesté auprès du gouvernement américain », a déclaré le chef de l’État, comme rapporté le 16 décembre par la radio nationale. « Nous attendons leur réponse, car nous ne voulons pas de personnes comme ça parmi nous », a-t-il ajouté, déplorant que le diplomate promeuve des valeurs antichrétiennes.
Dimanche soir, un porte-parole de la Présidence, Isaac Chipampe, a fait savoir que les propos de M. Lungu ne préfiguraient pas une expulsion de M. Foote. « La Présidence souhaite préciser que le Président ne faisait référence à aucune autre démarche que celle initiée par le ministère des Affaires étrangères », a écrit M. Chipampe.
Lors de sa sortie devant la presse, l’ambassadeur américain avaient qualifiées de « pourries » les relations entre Washington et Lusaka. « L’actuel gouvernement zambien veut que les diplomates étrangers soient dociles, avec un portefeuille grand ouvert, et la bouche fermée », avait-il ajouté. Les États-Unis accordent chaque année une aide de 500 millions de dollars à la Zambie. Cette décision fait, selon le diplomate, « des dégâts incalculables à la réputation internationale de la Zambie, en montrant que les droits humains ne sont pas une garantie universelle». Il a assuré par la suite avoir reçu des « menaces » après sa prise de position.
La Zambie dispose d'une législation très répressive à l'encontre de l'homosexualité. « Ceux qui défendent les droits des gays devraient aller en enfer, ce n'est pas une question que nous tolèrerons dans notre pays », avait déclaré le Président Edgar Lungu lorsqu'il était ministre des Affaires intérieures. Élu en 2015, il n’a pas cédé à la pression internationale, qui souhaite qu’il revoit sa politique à l’égard des homosexuels.
Boubacar Sidiki Haidara