Des dizaines de manifestants ont exprimé le mardi 16 novembre leur ras-le-bol sur la situation sécuritaire sur la Place de la Nation de Ouagadougou. Ils ont exigé la démission du Président du Faso, Roch Kaboré, pour « incompétence notoire » dans la gestion de la crise sécuritaire. Kaboré est de plus en plus dans l’œil du cyclone.
« Nous, jeunes du Burkina Faso, demandons au Président du Faso, Roch Kaboré, de libérer notre pays. Ce Monsieur a toujours échoué et il échouera toujours » a dénoncé Mohamed Koumsongo, responsable du Mouvement Sauvons le Burkina Faso, principal organisateur de la marche, relayé par des médias burkinabé. À Bobo-Dioulasso s’est tenue le même jour une marche avec la revendication de la démission du chef de l’État burkinabè, dont les manifestants dénonçaient aussi le silence sur la situation sécuritaire. Ces marches font suite à l’attaque meurtrière du dimanche 14 novembre contre un détachement de la gendarmerie ayant fait une trentaine de morts. Deux jours plus tôt, sept policiers avaient perdu la vie et cinq avaient été blessés lors d’une attaque dans le nord du pays. Une situation sécuritaire qui embarrasse le Président Kaboré, qui avait de la lutte contre le terrorisme le cœur de la campagne pour sa réélection fin 2020. Le 9 novembre, le chef de file de l'opposition burkinabè, Eddie Komboïgo, exigeait du Président des « mesures urgentes » face à la recrudescence d'attaques djihadistes et à la dégradation constante de la situation sécuritaire dans le pays. Faute de quoi l'opposant a menacé Roch Kaboré d'importants mouvements contestataires si aucune amélioration n'était effective d'ici un mois.
Sous pression
En juin dernier déjà, sous la pression de nombreux manifestants, Kaboré avait procédé à un réaménagement, démettant de ses fonctions le ministre de la Défense et aussi celui de la Sécurité. À la suite, le chef de l’État avait choisi réoccuper lui-même le portefeuille de la Défense, fonction qu’il avait déjà assumé en 2015. En octobre 2021, il avait aussi procédé à une réorganisation à la tête de l’armée. En dépit de cela, des opposants et certains membres de la société civile estiment que ce ne sont pas les changements de personnes qui vont inverser la tendance. Dans certains médias burkinabè, le Président Kaboré est accusé de ne pas prendre la pleine mesure de la situation sécuritaire, critique. Depuis 2016 le pays a enregistré la perte de plus de 400 membres des forces de défense et de sécurité.
Boubacar Sidiki Haidara