La Conférence Nationale Épiscopale du Congo (CENCO) a présenté le 15 mai 2018 son rapport sur le monitoring des « manifestations et réunions publiques organisées en RDC entre décembre 2017 et mars 2018. Un constat amer et un appel pressant aux acteurs à assumer leurs responsabilités.
Il ressort du document que selon la structure Paix et Justice Congo (PJC) de la CENCO, 15 manifestants ont été tués par les forces de l’ordre, 14 par balles et 1 par gaz lacrymogène. « Au moins 226 cas de blessés, dont au moins 50 cas de blessés par balles, parmi lesquels une femme éventrée et une autre atteinte aux seins. Au moins 2 cas par arme blanche, 40 cas par des éclats de grenade à gaz lacrymogène et 134 autres cas de blessés pendant la dispersion », poursuit le rapport.
A ces cas de morts et de blessés la PJC ajoute 396 interpellations de manifestants et d’organisateurs par la police, les Forces armées de RDC et autres services spécialisés. « Les extorsions de biens et d’argent par la PNC, les actes de vandalisme caractérisés par la destruction de biens liturgiques et violations des lieux de culte » sont également relevés dans ce rapport.
Face aux maux dénoncés, la CENCO fait également des propositions de solutions. S’adressant aux acteurs, elle demande à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) « de publier ses mesures d’application de la loi électorale, afin que l’on en fasse large diffusion auprès des électeurs, et de redynamiser le cadre de concertation avec les partis politiques et les autres parties prenantes, pour plus de transparence dans l’organisation des élections ».
Les évêques invitent le gouvernement à « remplir correctement son rôle régalien », notamment en sécurisant les parties du pays en proie à l’insécurité, afin de ne pas compromettre la tenue des élections prévues pour le 23 décembre 2018. Le gouvernement doit aussi veiller au respect de la liberté des manifestations publiques, consacrée par la Constitution du pays, et d’envisager « des mesures d’encadrement chaque fois qu’une manifestation est programmée et de se réserver d’entreprendre tout acte contraire ». Pour réaliser ces recommandations, la CENCO invite le peuple congolais à « veiller à la réalisation des étapes importantes du calendrier électoral, notamment la convocation de l’électorat le 23 juin 2018 et le début de la réception et du traitement des candidatures pour le 24 juin 2018 ». Les évêques invitent également au respect du caractère pacifique des manifestations.
Fatoumata Maguiraga