L’Allemagne a enregistré l’an dernier un nombre record de crimes imputables à l’extrême-droite, qui reste « la plus grande menace pour la sécurité », a déclaré le 4 mai le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer.
Un douloureux passé ressurgit. L’Allemagne a enregistré en 2020 un nombre record de crimes commis par l’extrême-droite. Assassinats, comme ceux de 9 jeunes d’origine étrangère à Hanau (centre) en février 2020, incitations à la haine raciale ou encore saluts hitlériens, les autorités s’inquiètent.
Ils se sont élevés l’an dernier à 23 604, soit une hausse de 5,7% sur un an, selon le ministre conservateur, et représentent à eux seuls plus de la moitié des infractions à motivations politiques (44 692) perpétrées en Allemagne.
Il s’agit du plus haut niveau jamais atteint depuis que des statistiques ont été mises en place, en 2001. « Il y a clairement des tendances à la brutalité dans notre pays », a déploré Horst Seehofer, dénonçant aussi une hausse des crimes commis par l’extrême-gauche et des islamistes. « Ces chiffres sont très préoccupants ». « La tendance observée ces dernières années se consolide », alors que la Covid-19 a entraîné « une polarisation accrue » de la société.
Les autorités allemandes, mais aussi des organisations de la société civile, n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme sur les dangers présentés par la résurgence de la mouvance d’extrême-droite dans un pays hanté par son passé nazi.
Après l’assassinat en 2019 d’un responsable conservateur, vigoureux défenseur de la politique d’accueil des migrants de la chancelière Angela Merkel, l’Allemagne avait été choquée par un attentat manqué contre une synagogue de Halle (Est).
Arrestations en cascade
L’assaillant, condamné depuis, était un sympathisant d’extrême-droite qui, frustré de ne pas avoir pu entrer dans la synagogue, avait tué deux personnes au hasard. Douze membres d’un groupuscule néo-nazi sont jugés depuis la mi-avril à Stuttgart (Sud-ouest), accusés d’avoir ourdi des attentats contre des mosquées et des responsables politiques, rapporte l’AFP. La police allemande a arrêté dans la nuit de lundi à mardi à Berlin un suspect lié aux lettres de menaces signées « NSU 2.0 », référence à un groupuscule néonazi dont les membres ont commis une dizaine d’assassinats racistes pendant la décennie 2000. Le suspect, chômeur, est « fortement soupçonné » d’avoir envoyé depuis août 2018 une série de « lettres de menaces au contenu incitant à la haine, insultant et menaçant » sous ce pseudonyme, a déclaré le Parquet.
Boubacar Sidiki Haidara