Trente-deux ans après son départ de l’Organisation de l’unité africaine, dont il fut l’un des pays fondateurs en 1963, le royaume chérifien veut revenir sur ses pas. Cela, dans un contexte d’extrême tension avec l’ONU sur la question du Sahara occidental.
Voilà, et je le déplore, l’heure de nous séparer. En attendant des jours plus sages, nous vous di- sons adieu et nous vous souhaitons bonne chance avec votre nouveau partenaire ». Le 12 novembre 1984, au 20ème sommet à Addis-Abeba, c’est en ces termes qu’Hassan II, roi du Maroc, avait claqué la porte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), qui avait reconnu en 1982 la République arabe sahraoui et démocratique (RASD). Trente-deux ans après, son fils Mohammed VI a évoqué, dimanche 17 juillet 2016, le retour du Maroc dans le giron de l’Union africaine.
Brusque renversement de situation
« Cela fait longtemps que nos amis nous demandent de revenir parmi eux, pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé », écrit le roi dans une lettre adressée au président en exercice, Idriss Deby Itno, mais qui n’a pas été lue lors de l’assemblée du 27ème sommet à Kigali. Ce retour semblait contraire à la doctrine du Maroc, qui ne voulait pas siéger aux côtés de la RASD. Mais il reste que cette décision intervient à un moment où l’ONU lui met la pression, amenant ainsi le royaume à mettre en branle une offensive diplomatique à destination des pays africains, où il plaide pour son intégrité territoriale. Une position partagée par le Sénégal et 26 autres pays, qui ont appelé lors du sommet à la suspension de la RASD de l’UA, en attendant que l’ONU règle le problème devant le Conseil de sécurité. Le Maroc se rend compte que la politique de la chaise vide ne paye pas, et qu’il a donc intérêt à récupérer son siège vacant, à un moment où la thèse de l’adversaire commence à recevoir des oreilles attentives. Il s’agit aussi pour Mohammed VI de chercher à reprendre le leadership continental abandonné par l’Algérie, l’Égypte et la Libye.
Boubacar SANGARÉ