Après la mort d’Étienne Tshisekedi, opposant historique en République démocratique du Congo, l’accord du 31 janvier censé régir la période de la transition jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle en décembre 2017, connait des retards dans son application. La faute à qui ?
Presque deux mois après que l’opposition et le pouvoir se soient mis d’accord sur la gestion de la RD-Congo jusqu’aux prochaines élections, l’accord de la Saint-Sylvestre qui avait été accueilli avec grand soulagement, peine à être appliqué. La hiérarchie catholique congolaise, pleinement engagée dans la médiation, n’a finalement rencontré le président Joseph Kabila que ce lundi 20 février, soit plus d’un mois après avoir demandé audience auprès du chef de l’État. Bien que ce dernier ait réitéré sa volonté d’aller vers les positions de sa majorité, à savoir trois candidatures pour la primature, l’opposition se place déjà dans une attitude de rejet. Elle soutient que le président n’a pas son mot à dire quant au choix du Premier ministre. Un tel revirement de situation est principalement dû au décès d’Étienne Tshisekedi, opposant historique, le 1er février dernier. Sa disparition, selon plusieurs experts, rebat complètement les cartes du jeu politique national, et explique le retard dans l’application de l’accord.
Incertitudes Même si les parties finissaient par accorder leurs violons, une question demeurerait : le Premier ministre et le gouvernement parviendront-ils à travailler ensemble ? « Cela me parait difficile, vu les difficultés qu’ils ont à se mettre d’accord sur la question des funérailles », estime Pierre Boisselet, journaliste à Jeune Afrique, spécialisé sur l’Afrique subsaharienne. On ne connait en effet toujours pas la date des obsèques de Tshisekedi. La situation est encore plus compliquée avec les exigences de son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui demande la nomination de Félix Tshisekedi, fils du défunt, au poste de Premier ministre. Ce dernier ne fait pourtant pas l’unanimité malgré le soutien d’un poids lourd de l’opposition, Moïse Katumbi, actuellement en exil. L’échéance de la fin d’année 2017 pour la tenue de la présidentielle n’en parait que plus compromise, et bien malin qui pourrait dire comment va évoluer le feuilleton congolais
Moussa Magassa