José Edouardo dos Santos, 74 ans, a tenu sa promesse. En organisant la présidentielle du 23 août, à laquelle il n’a pas participé, le désormais ex-président angolais permet à son pays de connaître l’alternance. En principe…
Une page se tourne donc. Après trente-huit années de règne sans partage, le président sortant, José Eduardo dos Santos, passera le témoin dans quelques jours à un successeur élu à une majorité confortable de 65% des voix. L’image est parfaite. Elle est à l’endroit d’une communauté internationale regardante sur les questions de gouvernance sur le continent. Cependant, si à première vue le changement est enfin intervenu dans le petit pays riche en pétrole d’Afrique australe, le successeur, Joao Lourenço, a déjà annoncé la couleur. Nommé il y a trois ans ministre de la Défense, Lourenço est l’un des plus foot vieux cadres du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), parti-Etat. Peu connu du public, réputé austère et rigide, le général à la retraite de 63 ans n’a pas présenté de projet particulier pendant la campagne. Son principal argument : la « rénovation dans la continuité ». « Je vais poursuivre le travail du camarade Président dos Santos pour un avenir meilleur », déclarait-il pendant la campagne. « JLo » a voulu, avant le scrutin, répondre aux critiques de l’opposition et rassurer sur ses capacités à faire face à ses nouvelles fonctions. « J’aurai tout le pouvoir. Ce pays n’aura pas deux présidents », avait-t-il déclaré.
Changement dans la continuité « Les cadres du parti attendent du changement, car il y a de plus en plus de mécontents de la gestion du clan dos Santos et de son accaparement des richesses, explique au journal Le Monde le chercheur Nuno de Fragoso Vidal, spécialiste du MPLA. Cependant, pour lui, « Lourenço devra assurer la continuité de dos Santos, dont l’influence dépend de sa santé ». « Lourenço a un atout certain : il est très respecté au sein du parti», poursuit-il. Lutte contre la corruption, relance économique, redistribution des richesses, telles sont les promesses qu’il devra s’attacher à tenir, dans un pays suspendu à la volatilité du cours du baril et largement endetté. Le président élu libre de toutes entraves ? Pas si sûr ! Le contrôle de l’armée, par exemple, lui échappe. Quelques jours avant l’élection, une loi avait été votée, le privant de la nomination des dirigeants de l’armée, des services de renseignements et de la police, reconduits pour huit ans. La gestion des sociétés pétrolières, principale richesse du pays, dont il est le deuxième producteur sur le continent, reste également aux mains du clan dos Santos.
Célia d’Almeida