Le carnaval de Haïti, événement incontournable pour la population de Port-au-Prince autant que pour l’économie locale, a été annulé le 24 février. Les festivités devaient se poursuivre jusqu’au 25, mais, en raison d’une vague de violences et de protestations dans la capitale, le Président Jovenel Moïse a été contraint de les écourter, pour éviter « un bain de sang ».
En 2019, le carnaval avait été annulé à Port-au-Prince à la suite de violences lors de manifestations réclamant le départ du président. Le 24 février, la ville a été complètement paralysée par les policiers, qui ont barricadé les principaux axes routiers et bloqués les grands commerces. La veille, des échanges de tirs avaient éclaté entre des policiers en civil armés et des militaires des forces armées de Haïti (FADH), faisant un mort de chaque côté et une dizaine de blessés. Des policiers manifestant pour de meilleures conditions de travail avaient déjà attaqué dimanche 23 février le quartier général de l’armée haïtienne, dans le centre de Port-au-Prince. L’état-major militaire a décrit un assaut mené par des individus « encagoulés et munis d’armes à feu ». « Des obstructions de rues et une situation de guerre ont lieu dans l’aire du Champ-de-Mars, où des tirs nourris d’armes se sont fait entendre quasiment toute la journée. Il est difficile en ce moment d’établir un bilan de ces violences inouïes », a déclaré le gouvernement dans un communiqué.
Meilleures conditions et démission du président
La police nationale d’Haiti (PNH) exige la création d’un syndicat de police, une revalorisation de la profession et des salaires et la démission du Président controversé Jovenel Moïse. Pour tenter d’apaiser les tensions, le Directeur général de la PNH, Rameau Normil, a commencé le 21 février une tournée des commissariats pour faire remonter les doléances. Dans la foulée, le président haïtien a réuni les hauts cadres de la PNH, ainsi que les membres concernés du gouvernement, pour trouver des solutions aux exigences des protestataires. Le Président Jovenel Moïse s’est engagé à créer un Comité de dialogue à la PNH et un fonds spécial pour une assurance est prévu dans le prochain budget. Il a aussi annoncé la modification de la loi créant la PNH pour accorder un nouveau statut aux policiers membres des unités spécialisées. Son Premier ministre, Jean-Michel Lapin, a déclaré toutefois que ces propositions ne seraient pas toutes mises en place immédiatement.
Boubacar Sidiki Haidara