Dans un contexte politique tendu autour de la question migratoire, le leader populiste entend encore durcir le contrôle aux frontières européennes.
En Italie, la première version du décret-loi « Sécurité bis » de Matteo Salvini fait déjà polémique. Ce texte, examiné en Conseil des ministres lundi soir, prévoit notamment de condamner à des amendes les ONG qui secourent des migrants en mer puis les transportent vers l'Italie.
C'est dans une tension palpable que s'est ouverte la réunion ministérielle, alors que la Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement 5 Étoiles (M5S) de Luigi Di Maio ont de plus en plus de mal à cacher leurs différends. La veille, le débarquement de 47 migrants sur l'île de Lampedusa, malgré l'interdiction de Matteo Salvini, a mis le feu aux poudres. Ce dernier est sorti de ses gonds lorsqu’il l’a appris en direct à la télévision italienne. À mi- mots, il n'a pas hésité à rejeter la faute sur le ministre des Transports, Danilo Toninelli (du M5S). Son partenaire gouvernemental, Luigi Di Maio, a rétorqué qu’il n’acceptait pas ses insinuations, rappelant qu’il était obligatoire de faire débarquer les passagers d’un bateau saisi par la justice.
Dans ce contexte tendu autour de la question migratoire, le décret-loi proposé par Matteo Salvini propose de donner le pouvoir d'interdire les eaux territoriales italiennes à un navire pour des raisons d'ordre public. Le texte prévoit aussi une amende de 3 500 à 5 500 euros par migrant arrivé en Italie pour tout navire de secours n'ayant pas respecté les consignes des garde-côtes compétents dans la zone où il serait intervenu.
Critiques des associations
Le décret-loi s'est attiré les critiques de plusieurs ONG, comme Médecins Sans Frontières. « Les opérations de recherche et de sauvetage en mer ne peuvent pas représenter une violation de la législation nationale sur le contrôle des frontières et l'immigration irrégulière, parce que la vie prévaut sur les législations nationales et européennes », tance l'association dans un communiqué.
Dans une lettre envoyée au ministère italien des Affaires étrangères, le Haut-Commissariat aux droits de l'Homme (HCDH) de l'ONU a demandé à l'Italie de ne pas approuver ce nouveau décret-loi. L’ONU, « un organisme international qui coûte des milliards d'euros aux contribuables, qui a comme membres la Corée du Nord et la Turquie et qui vient faire la morale sur les droits de l’Homme à l’Italie ? Cela prête à rire », a commenté M. Salvini.
Boubacar Sidiki Haidara