Sous l’égide de la Russie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, deux pays en conflit depuis plusieurs semaines, ont paraphé un accord de cessez-le-feu. S’il est célébré côté azerbaïdjanais, en Arménie la fureur gronde contre l’Exécutif.
La fin des hostilités se profile au Haut-Karabakh. L'Azerbaïdjan et l'Arménie ont signé sous l'égide de la Russie un cessez-le-feu, dans la nuit de lundi à mardi. Il consacre les victoires militaires azerbaïdjanaises après six semaines de combats meurtriers. Selon les déclarations du Président russe, Vladimir Poutine, les belligérants conservent, au terme de l'accord, « les positions qu'ils occupent ». Dans le même temps, la Russie est en train de déployer près de 2 000 soldats de la paix et 90 blindés pour assurer le respect du texte. Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a indiqué que sa décision avait été « incroyablement douloureuse, pour moi et pour notre peuple ». Peu après ces déclarations, des milliers de manifestants en colère se sont rassemblés aux abords du siège du gouvernement arménien à Erevan, des centaines pénétrant dans les locaux, brisant des vitres et saccageant des bureaux. Le siège du Parlement a subi le même sort. Les manifestants ont réclamé la démission du Premier ministre, qualifié de « traître ».
Ce dernier avait jusqu’alors exclu toute « solution diplomatique » au conflit, sur fond d'efforts infructueux de la communauté internationale pour négocier un cessez-le-feu durable. Deux trêves humanitaires négociées durant le mois d’octobre étaient restées lettres mortes.
L’accord de cessez-le-feu prévoit notamment que l'Azerbaïdjan reprenne le contrôle de plusieurs districts qui lui échappaient et le maintien d'un corridor terrestre reliant les territoires encore sous contrôle séparatiste et l'Arménie. Le Président Poutine, présenté comme un soutien de l’Arménie, a dit souhaiter que cet accord mène à la création des conditions nécessaires à un règlement durable du conflit. Un accord apprécié et célébré telle une victoire en Azerbaïdjan. Le Président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, s'est félicité d'une « capitulation » de l'Arménie. « J'avais dit qu'on chasserait (les Arméniens) de nos terres comme des chiens et nous l'avons fait ». Le territoire que se disputaient les deux pays, internationalement reconnu comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, était peuplé jusqu'à récemment, et entièrement contrôlé, par des Arméniens de souche. Les six semaines de combats acharnés ont tué des milliers de personnes et déplacé des milliers d'autres. Fin octobre, le président russe avait révélé que le nombre de morts approchait les 5 000.
Boubacar Sidiki Haidara