Laurent Gbagbo est attendu ce jeudi 17 juin 2021 en début d’après-midi à Abidjan. Acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), l’ex Président de la République de Côte d’Ivoire rentre, selon ses partisans, pour participer à la réconciliation nationale et prendre part à la vie politique de son pays.
Pour le comité d’organisation, tout semble bouclé. Mais, du côté du gouvernement, peu d’informations filtrent. Selon Assoa Adou, cheville ouvrière de l’organisation, « le pavillon présidentiel a été accordé à Laurent Gbagbo », mais il reste vague sur le mode de l’accueil. Se contentant de dire qu’un nombre restreint de personnes aura accès au pavillon, il reste muet sur la mobilisation des partisans de Laurent Gbagbo aux alentours de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny.
Risques d’affrontements ? Depuis quelques jours, des victimes, réunies en Collectif des victimes survenues en Côte d’Ivoire (CVCI), manifestent dans le district d’Abidjan pour dénoncer ce retour qui est, selon elles, « une victoire de l’impunité ». Ces victimes estiment que « le retour de Laurent Gbagbo n’est pas une solution pour la réconciliation nationale ». Le collectif menace d’ailleurs de s’inviter dans la vague de mobilisation des partisans de l’opposition. Ce qui fait planer des risques d’affrontements ou de débordements. Mais, selon une source proche des négociations, le fondateur du Front populaire Ivoirien (FPI), à sa descente d’avion, n’aura pas droit à un bain de foule. Il sera d’abord escorté au pavillon présidentiel avant d’être conduit directement à sa résidence, qui est encore secrète pour l’heure. Le gouvernement, pour sa part, se refuse à tout commentaire mais assure que Laurent Gbagbo pourra rentrer en toute sécurité. Même s’il ne pourra vraisemblablement pas bénéficier d’un bain de foule. Les premiers dossiers qui l’attendent sont la crise au sein de son parti, le FPI, et le conflit ouvert avec Simone Ehivet, la camarade et épouse à laquelle il n’a plus adressé la parole depuis son arrestation, en avril 2011. Son retour, selon plusieurs acteurs politiques, devrait contribuer à apaiser les « cœurs de ses partisans et favoriser la réconciliation nationale ». S’il a annoncé qu’il ne revient pas « pour être Président du FPI », il a également signifié « que sa retraite politique n’était pas pour demain ». Cette position annonce donc la réouverture du jeu politique entre les trois grands leaders (Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo) qui crispent l’actualité ivoirienne depuis trente ans.
Ouakaltio Ouattara