La RDC n’a pas du tout apprécié d’être au menu des échanges entre les présidents français et rwandais lors de leur rencontre à Paris la semaine dernière. Kinshasa l’a fait clairement comprendre en convoquant les ambassadeurs des deux pays, plus celui de l’Angola, dont le président s’est lui aussi rendu en France ces derniers jours. Une demande d’explication a même été adressée.
Le samedi 26 mai, les ambassadeurs de France, d'Angola et du Rwanda à Kinshasa ont en effet été convoqués par Léonard She Okitundu, chef de la diplomatie congolaise, pour une « demande d’explication » sur la rencontre et la teneur des discussions entre leurs chefs d’État respectifs. Le lundi 28, ce fut au tour du ministre de la Communication et des médias, porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, de monter au créneau pour dénoncer les « messes basses » tenues à Paris. A l’origine de l’ire de Kinshasa, les propos du Président français, Emmanuel Macron, qui déclarait le 23 mai dernier, après des échanges avec son homologue rwandais, soutenir « l’initiative » de Paul Kagame, « en lien étroit avec le président angolais», au sujet de la crise politique en RDC. Le ministre a même menacé les « pays africains qui se hasarderont à servir de tête de pont ou de sous-traitants à des stratégies extérieures hostiles à la RDC ». Avant de poursuivre que le président français, qui a reçu son homologue angolais le 28 mai, avait de nouveau évoqué cette initiative. « Nous soutenons la médiation régionale », a en effet affirmé Emmanuel Macron lors d’un point presse au Palais de l’Élysée avec João Lourenço lundi. Les deux présidents ont rappelé leur attachement à l’accord de la Saint-Sylvestre et à la tenue des élections le 23 décembre prochain, auxquelles le sortant Kabila ne « devra pas se présenter ».
Lambert Mende a tenu à rappeler que la France « n’a pas à dicter » au président congolais ce qu’il doit faire, avant de qualifier de « subliminaux » et « pleins d'ambiguïté » les propos de Macron. La RDC a fait part de son mécontentement et demander qu’on « éclaircisse la situation ». Chose faite avec la déclaration, le 29 mai, d’Olivier Nduhungirehe, le Secrétaire d'État rwandais aux Affaires étrangères. « Paul Kagamé s’est exprimé en tant que président en exercice de l'Union africaine » et, « sur la question de la RDC, le Rwanda n’a pas d’initiative propre ou d’initiative conjointe avec l’Angola ». Fin de la discussion ? Pas si sûr…
Célia d’ALMEIDA