Sur fond de divergences entre les positions italienne et française sur la crise libyenne et alors que l’échéance convenue à Paris entre les deux « dirigeants » libyens pour la tenue des élections est reportée, cette nouvelle rencontre constitue, pour les plus optimistes, une nouvelle chance de paix pour la Libye, 7 ans après la chute du régime de Khadafi.
Ouverts ce 12 novembre à Palerme, les travaux de la Conférence internationale sur la situation en Libye se sont poursuivis à huis clos le 13 novembre. En présence du Président du Conseil présidentiel, Fayez Al-Sarraj, mais sans le Commandant en chef de l’armée, Khalifa Aftar, qui a seulement participé à la réunion restreinte ayant regroupé les dirigeants libyens, des pays voisins de la Libye, dont la Tunisie, l’Égypte, le Niger et le Tchad, et l’Envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé.
Même si elle affiche des objectifs ambitieux, à savoir la responsabilisation de la partie libyenne, avec l’implication de toutes les parties et le suivi des étapes indiquées par l’ONU, les résultats de la conférence semblent d’ores et déjà compromis. En effet, le maréchal Aftar, qui contrôle une bonne partie de l’est du pays, a expliqué son retrait des travaux par la présence de « groupes proches de Daech » à la table de discussion. Avant, c’est un député de l’Assemblée nationale qui s’était retiré à cause de l’ingérence d’instances internationales dans la gestion économique de son pays.
Les élections générales, prévues pour le mois de janvier 2019, ont déjà été reportées au mois de juin, à cause des affrontements entre les différentes factions qui sévissent dans le pays.
Alors qu’Amnesty international espère que cette rencontre entre des dirigeants libyens et d’autres dirigeants du monde est une occasion de sortir de l’impasse politique en Libye, l’Italie, hôte de la rencontre, continue de durcir les conditions pour les migrants qui quittent ce pays pour ses rives. Ces mesures ont contribué à une baisse drastique du nombre de migrants en direction de l’Italie, la plupart restant bloqués dans des centres de rétention libyens. En raison notamment du renforcement des capacités d’interception en mer des gardes côtes libyens, à travers la conclusion d’accords avec des milices présentes en Libye.
Alors qu’une vingtaine de pays, dont la France, qui avait déjà entrepris une médiation sous l’égide des Nations Unies, prennent part à cette énième rencontre sur la Libye, son issue semble incertaine, car certains n’y voient que la volonté de l’Italie de sauvegarder ses intérêts économiques.
Fatoumata Maguiraga