Félix Tshisekedi, le Président de la RDC, a lancé le 2 novembre dernier des consultations politiques dont le but avoué était de tenter de mettre sur pied une majorité alternative à celle qu’il a été contraint de constituer avec prédécesseur, Joseph Kabila, le Front commun pour le Congo (FCC).
Le FCC de Joseph Kabila, qui avait passé un accord avec Tshisekedi lui permettant d’accéder à la présidence, a conservé les rênes du pouvoir en s’arrogeant 341 des 500 que compte l’Assemblée nationale. Deux ans après, la cohabitation se révèle difficile et le Président chercherait à se « débarrasser de ce poids ». Il a organisé des consultations qui ont pris fin mercredi dernier. Tshisekedi doit désormais annoncer ses décisions dans une adresse à la Nation, a indiqué son porte-parole, sans préciser de date. Des proches le pressent de mettre fin à la coalition. « Il n’y aura ni cohabitation ni coalition dans ce pays, il faut tourner la page », a assuré un responsable de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de M. Tshisekedi, Jean-Marc Kabund-a-Kabund. Afin de faire pencher la balance, des acteurs politiques proches du chef de l’État tenteraient de « faire changer la majorité ». « Des manœuvres de bas étage, vouées à l’échec, de certains acteurs politiques bien identifiés, pour tenter de changer de majorité parlementaire en usant de corruption. Avec toutes les preuves qu’il détient, le FCC se réserve le droit d’ester en justice contre le corrupteur et le corrompu », a averti le regroupement dans un communiqué. Dans ce climat tendu, le président d’un parti affilié au FCC a été condamné le week-end dernier à une peine de trois ans de prison pour menaces de mort et offense envers le Président Tshisekedi.
L’armée « apolitique »
Le chef de la Garde républicaine de la RDC, cité par TV5 monde, a ordonné à ses hommes de « ne pas comploter » contre le président. « Trahir le Congo, pour nous, c'est trahir le Président de la République en allant à l'encontre de ses directives » a indiqué le général Tshiwewe. La Garde républicaine est composée majoritairement de militaires choisis par l'ancien président Kabila, au pouvoir pendant 18 ans (2001-2019). Quelques jours auparavant, le porte-parole de l'armée, le général-major Léon Richard Kasonga, avait lui aussi insisté sur « l'apolitisme » de l'armée. Selon plusieurs sources militaires, Tshisekedi a invité les commandants des grandes unités et des régions militaires de la RDC à une réunion à Kinshasa. Elle devrait se tenir cette semaine.
Boubacar Sidiki Haidara