Les Brésiliens votent ce 7 octobre pour élire leur nouveau président. Quelque 147 millions d’électeurs sont appelés à choisir le successeur de Michel Temer.
Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro, 63 ans, et Fernando Haddad, 55 ans, du Parti des travailleurs, font pour le moment la course en tête dans les sondages. Haddad part néanmoins avec un léger retard. L’ex-maire de Sao Paulo, quasi inconnu dans le pays, a pris la relève de Lula début septembre, quatre semaines seulement avant le 1er tour. Toujours selon les sondages, la proportion d’électeurs excluant de voter pour lui a grimpé de 27 à 38%, alors pour M. Bolsonaro elle se maintenait à 44%. Épargné par les scandales de corruption, Bolsonaro tire sa force de sa posture antisystème. Il prône notamment la libéralisation du port d’armes ou la castration chimique des violeurs pour régler les problèmes de violence au Brésil.
La perspective d’une arrivée au pouvoir d’un candidat glorifiant la dictature et insultant Noirs, femmes et homosexuels a provoqué l’alarme dans la société civile, et notamment parmi les femmes, descendues en masse le samedi 29 septembre dans les rues de 62 villes brésiliennes, selon le site d’information G1. L’offensive des dames, lancée début septembre avec un groupe sur Facebook, « Les femmes unies contre Bolsonaro », s’est traduite en actes après une mobilisation massive sur les réseaux sociaux, au Brésil et à l’étranger. Les organisateurs ont estimé que 500 000 personnes avaient participé à la manifestation. « Quelqu’un qui défend la violence, le racisme ou dévalorise les femmes ne peut pas être président du Brésil », juge Cristina, 56 ans, présente avec son mari au rassemblement organisé dans la capitale économique du Brésil. M. Bolsonaro a souvent défrayé la chronique. L’ancien capitaine de l’armée a par exemple déclaré à une députée qu’elle ne « méritait pas » qu’il la viole ou déploré la longueur des congés maternité. Ses prises de position radicales auraient pu lui coûter la vie. Le 6 septembre, un ex-militant de gauche a poignardé le candidat du Parti social libéral, l’expédiant à l’hôpital et le privant de la suite de la campagne. En dépit de cela, Bolsonaro a déjà averti que seule « une fraude » permettrait l’élection de Haddad et menacé de ne pas reconnaître le résultat des élections. Le nouveau président du Brésil fera face à d’énormes défis. Il devra extraire le pays de l’ornière économique 23 millions de pauvres et 13 millions de chômeurs et restaurer la confiance du peuple dans des élites politiques corrompues.
BSH