G5 Sahel : Le Burkina Faso sujet d’inquiétude

Confronté à une crise sécuritaire d’une ampleur inédite, le Burkina Faso prend la présidence de la force spéciale antiterroriste regroupant cinq États de la région.

Ouagadougou, capitale trois fois meurtrie par des attentats en trois ans, a abrité le 5 février, le 5ème sommet des chefs d’État du G5 Sahel, qui regroupe la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Le Burkina Faso a pris officiellement la présidence de la Force conjointe, et ce alors que le pays est confronté à une crise sécuritaire d’une ampleur inédite. « La présidence burkinabè du G5 risque d’exposer encore plus le pays », s’inquiètent des sources sécuritaires.

Nouveau départ Les enjeux sont de taille. Deux ans après son lancement, la Force conjointe du G5 Sahel peine toujours à se mettre en place et les groupes terroristes gagnent du terrain dans certaines zones. « Nous devrons donner une nouvelle impulsion à la force et entrer dans le temps de l’action, avec le redémarrage des opérations militaires. Ce sera un nouveau départ », promet Gilbert Zongo, le Coordinnateur national des actions du G5 Sahel au Burkina. Il s’agit, selon lui, de rebondir après la destruction du quartier général de la Force conjointe, frappé par un attentat-suicide le 29 juin 2018 à Sévaré, au Mali, suspendant de facto les opérations. « La Force conjointe a été touchée en son cœur, le poste de commandement a dû être transféré à Bamako, dans des locaux provisoires non adaptés. La relève des effectifs, fin octobre, a ralenti la reprise opérationnelle. L’affectation il y a quelques semaines d’une structure temporaire permettra sans doute de lancer une nouvelle dynamique, mais qui reste fragile », analyse Nicolas Desgrais, doctorant sur la coopération militaire au Sahel à l’université du Kent, au Royaume-Uni. Depuis le 15 janvier, les opérations ont repris : trois ont été menées sur les fuseaux Centre, Ouest et Est. Et elles vont se poursuivre, affirme le nouveau commandant de la Force conjointe, le Mauritanien Hanana Ould Sidi. « Nous sommes en train d’étudier les moyens les mieux adaptés, les plus pertinents, pour une coopération plus forte entre les forces armées et de sécurité nationales et la Force conjointe », explique-t-il. Mais, sur le terrain, les soldats manquent toujours d’équipements de protection et de véhicules blindés. De fortes lacunes en matière de formation et de capacités, l’absence de bases opérationnelles sûres et fortifiées et le manque de fonds persistent et ralentissent le déploiement et l’équipement des contingents, avait indiqué le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans un rapport remis au Conseil de sécurité le 12 novembre 2018.

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