Cinq ans après sa sortie de l’Union européenne à la faveur du Brexit, le Royaume-Uni œuvre à réactiver ses liens avec Bruxelles par des accords ciblés. Cette stratégie de retour partiel, structurée et assumée, contraste avec la posture actuelle des pays de l’AES vis-à-vis de la CEDEAO, encore marquée par une dynamique de rupture.
Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont signé le 19 mai 2025,un accord de partenariat couvrant plusieurs secteurs-clés tels que l’agriculture, la sécurité, la défense, la recherche et la mobilité. Le texte prévoit notamment la réduction des barrières sanitaires et phytosanitaires dans les échanges agricoles, un programme de mobilité pour les jeunes inspiré d’Erasmus+, l’échange automatisé des données policières ainsi que la participation partielle au Fonds européen de transition énergétique et de défense, doté de 150 milliards de livres sterling. Ce rapprochement, qualifié de « pragmatique » par le Premier ministre Keir Starmer, ne remet pas en cause le Brexit mais vise à en limiter les effets négatifs.
Pour autant, Londres entend aussi maintenir ses lignes rouges (Sortie du marché unique, contrôle des frontières), tout en préservant ses intérêts économiques. Ce réajustement progressif, secteur par secteur, s’appuie sur une diplomatie contractuelle, sans retour institutionnel. Il s’agit moins d’un recul que d’un repositionnement stratégique et tactique.
À l’opposé, à des milliers de kilomètres de là, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont acté leur retrait collectif de la CEDEAO en janvier 2025. L’Alliance des États du Sahel (AES), fondée en septembre 2023 avant d’être érigée en Confédération en juillet 2024, se base sur un socle souverainiste et ambitionne de construire un nouveau cadre régional intégrant monnaie commune, défense partagée et coopération économique. Pourtant, aucune base de négociation avec la CEDEAO n’a été annoncée et les trois pays restent exclus de tous les mécanismes d’intégration régionale classiques. À ce jour, ni plan de réintégration ciblée ni stratégie externe alternative n’ont été exposés.
Alors que le Royaume-Uni multiplie les passerelles fonctionnelles pour amortir sa sortie, l’AES maintient une posture de rupture complète. Les enjeux de libre circulation, de commerce transfrontalier et d’interconnexion sécuritaire demeurent suspendus.
L’expérience britannique montre qu’un retrait d’une organisation régionale peut s’accompagner de réajustements tactiques. L’AES, en se dotant d’une stratégie progressive de dialogue ou de coopération ciblée, pourrait éviter les risques d’isolement prolongé, dans un environnement déjà instable et où la coopération est primordiale.