Sociétés militaires privées (SMP) : Jeu d’ombres sur les champs de bataille africains

Le débat sur les Sociétés militaires privées (SMP) reprend de l’ampleur en France, mais ses implications dépassent largement l’Hexagone. Dans plusieurs régions d’Afrique, ces acteurs discrets mais stratégiques contribuent à redessiner les équilibres sécuritaires, parfois au mépris des cadres juridiques classiques.

L’appellation « SMP » désigne des entreprises engagées dans des activités de sécurité ou de soutien militaire. Aux États-Unis, en Russie ou en Turquie, ces entités – parfois armées – agissent à la frontière du droit, dans des conflits où les États préfèrent ne pas apparaître directement. En Afrique, leur empreinte s’est intensifiée au fil des années, notamment dans des zones marquées par l’effondrement des forces régulières ou qui tentent de reconstruire leurs armées.

La France, pour sa part, interdit le mercenariat depuis 2003. Elle autorise cependant certaines sociétés civiles spécialisées dans la formation, la logistique ou la protection rapprochée. Des militaires français à la retraite y sont parfois employés, suscitant un grand malaise au sein même des institutions de défense. Pourtant, à ce jour, aucune société française n’est officiellement habilitée à armer ses agents.

Cette prudence contraste avec d’autres puissances. En Russie, des structures privées ont été signalées dans plusieurs pays africains. Si leurs liens avec les gouvernements hôtes ne sont jamais formellement établis, leur présence est parfois relayée par des sources étrangères. Le terme de « Société militaire » permet d’en parler sans faire d’attribution directe, particulièrement dans des contextes où la question demeure officiellement non reconnue.

Pour les États en difficulté face aux insurrections armées, ces entreprises offrent une alternative aux alliances militaires classiques. Elles agissent avec une empreinte minimale, souvent à l’abri du regard public. Mais cette souplesse soulève de nombreuses questions telles que celles de savoir : qui les contrôle ? quels sont leurs mandats ? à quelles lois obéissent-elles ?

Au Sahel, alors que les partenariats sécuritaires et militaires traditionnels sont en mutation, la place importante de ces acteurs hybrides s’impose comme un sujet d’intérêt stratégique. Entre zone grise juridique, dépendance sécuritaire et souveraineté fragilisée, la présence de sociétés militaires privées s’inscrit dans un paysage où la guerre ne se mène plus seulement par les États.

Ainsi, ce n’est plus seulement la présence des SMP mais la capacité des États à redevenir maîtres de leur propre sécurité qui est en jeu. Faute d’un encadrement clair, ces présences extérieures continueront d’agir en toute opacité.

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