Le 15 avril 2025 marque les deux ans de la guerre au Soudan. Le conflit oppose l’armée nationale, dirigée par le Général Abdel Fattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide (FSR) de Mohamed Hamdan Dagalo, alias Hemetti. Ce duel militaire, ancré dans un conflit larvé depuis 2021, est né du rejet par les FSR de leur intégration dans l’armée, prévue dans les accords de transition.
La chute du dictateur Omar el-Béchir en avril 2019 avait nourri l’espoir d’une ouverture démocratique après trois décennies d’autoritarisme. Mais la transition a rapidement échoué, déstabilisant l’appareil d’État et précipitant le pays dans l’effondrement. Le Soudan d’aujourd’hui est fragmenté, décimé et économiquement à genoux.
Selon l’ONU, plus de 13 millions de personnes sont déplacées, dont environ 4 millions d’enfants. Le Darfour reste l’épicentre des violences. À El Fasher, capitale du Darfour - Nord, les affrontements se poursuivent depuis avril 2024. Une frappe de drone sur un hôpital saoudien a fait 70 morts le 24 janvier 2025. À Zamzam, plus de 300 civils ont été tués, provoquant l’exode de 400 000 personnes. Au total, depuis le début de la crise on dénombre plus de 15 000 morts. Le Soudan est actuellement le seul pays où la famine est confirmée, affectant des millions de personnes. Le pays est en ruines, l’économie est paralysée et les institutions désintégrées. Les services publics sont inexistants dans de nombreuses régions. Les combats ont détruit des hôpitaux, des écoles, des marchés.
Le Sahel grandement affecté
Les répercussions dépassent les frontières. Le Tchad accueille plus de 1,3 million de réfugiés soudanais. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso signalent des flux accrus d’armes et de combattants. La stabilité régionale s’en trouve menacée.
Sur le plan diplomatique, les liens entre le Mali et le Soudan se sont resserrés. Du 11 au 13 janvier 2025, Al-Burhan a effectué une visite officielle à Bamako, rencontrant le Président Assimi Goïta. Les deux pays ont convenu de créer des Commissions mixtes sur la sécurité et le développement. Le 9 avril, le Général Modibo Koné, chef du renseignement malien, a rencontré Al-Burhan à Port-Soudan pour renforcer la coopération bilatérale.
Classé par le Conseil norvégien pour les réfugiés parmi les dix crises les plus négligées du monde, le conflit soudanais affecte déjà tout le Sahel. 30 millions de personnes ont besoin d’aide, mais seuls 15% des financements nécessaires ont été mobilisés.
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