Dimanche matin, les gardes-côtes de Trinité-et-Tobago ont perdu une pirogue contenant les corps en décomposition de cinq migrants lors d'une opération délicate de remorquage vers le continent. Malgré la mobilisation des équipes maritimes, le canot très fragile n’a pas été retrouvé et a sûrement coulé, estiment les autorités trinidadiennes. Il est vraisemblable que l'embarcation soit partie des côtes ouest-africaines et ait dérivé à travers l'Atlantique.
C’est une nouvelle macabre découverte de l’autre côté de l’océan Atlantique, dans les Caraïbes. Samedi 25 janvier, une embarcation à la dérive, a été repérée près d'une plateforme gazière, au large de Trinité-et-Tobago. Alertés, les gardes-côtes trinidadiens ont envoyé un patrouilleur sur place. À l’intérieur, les autorités découvrent cinq corps dans un état de décomposition avancée. Selon leur communiqué, la pirogue serait vraisemblablement partie des côtes-ouest africaines avant de dériver.
L'opération de tractage va se révéler très délicate. À minuit et demi, dimanche, les garde-côtes parviennent finalement à attacher un câble à la pirogue "très détériorée". Mais trois heures plus tard, alors qu’elle était ramenée vers la terre ferme dans une mer agitée, l'embarcation va finir par se détacher du câble de remorquage et "a été perdue de vue".
Après "plusieurs heures" de recherche, la pirogue n’a pas été retrouvée. On présume désormais qu'elle a coulé.
Dans un communiqué officiel, le lieutenant Khadija Lamy, responsable des relations publiques pour les gardes-côtes, se justifie expliquant que "les efforts pour sécuriser le navire ont été extrêmement difficiles en raison de son état fragile". Et de préciser que la cause de la mort des cinq migrants comptabilisés "est inconnue".
"Nous restons déterminés à comprendre les circonstances de cette découverte tragique", a-t-elle ajouté. L'embarcation voulait-elle rejoindre les Canaries espagnoles avant de se perdre et de dériver ?
Cet incident n'est pas sans rappeler une actualité tragique du mois de mai 2021. Cette année-là, une embarcation partie de Mauritanie avec l'espoir de rejoindre l'archipel espagnol des Canaries avait été retrouvée au large de Trinité-et-Tobago. Quatorze cadavres en état de décomposition avancée étaient à bord.
Selon Khadija Lamy, "la construction de ce navire est étonnamment similaire à celui [du mois de mai 2021, ndlr] et il est raisonnable de supposer que cette affaire est de nature similaire".
Les exemples de canots qui se perdent et dérivent dans l’immensité de l’océan ne sont pas rares. Le 6 août 2024, une pirogue avec 14 cadavres a été retrouvée au large de la République dominicaine, en mer des Caraïbes. Sur place, les sauveteurs découvrent les corps en "état de décomposition avancée", à l’état de squelettes. D’après les autorités, les documents d’identité retrouvés à bord appartenaient à des ressortissants de la Mauritanie et du Sénégal, âgés de 24 à 33 ans.
Mi-avril 2024, neuf corps de migrants avaient aussi été retrouvés par des pêcheurs au large du Brésil. La pirogue avait pris la mer depuis les côtes mauritaniennes avec une vingtaine de passagers, à 4 000 km de là. Aucun d'eux n’a été retrouvé.
En 2006, un bateau sénégalais avait été retrouvé au large de l'île de la Barbade. Dans la cale, 11 cadavres en état de décomposition avancée avaient été récupérés. Selon l'enquête, 40 personnes au total, originaires du Sénégal et du Mali, avaient tenté la traversée vers les Canaries. Les migrants avaient dérivé pendant des mois et étaient morts de faim et de déshydratation.
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