Sénégal : Le tandem Faye - Sonko vacille

La relation entre le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko traverse une zone de turbulences. Entre ambitions contrariées, critiques ouvertes et condamnation judiciaire, le duo, qui incarnait l’espoir d’une gouvernance unie, semble s’éloigner de cet idéal.

Depuis son investiture comme Premier ministre, en avril 2024, Ousmane Sonko occupe une place centrale dans l’Exécutif, aux côtés de Bassirou Diomaye Faye. Mais, en ce mois de juillet 2025, il multiplie les piques à l’endroit du Président. Le 10 juillet, il dénonce publiquement un « problème d’autorité » au sommet de l’État, ajoutant : « si nous continuons ainsi, nous ne ferons même pas un mandat ». Devant le Conseil national du PASTEF, il lance encore : « j’interpelle le Président pour qu’il prenne ses responsabilités ou qu’il me laisse faire », puis : « qu’on me laisse gouverner ». Ces propos marquent une rupture de ton dans un duo censé œuvrer de concert.

Dans les usages démocratiques, le Premier ministre est censé mettre en œuvre la politique définie par le Président. Comme le rappelait feu IBK, « il ne peut y avoir deux capitaines dans le même bateau ». En choisissant la Primature plutôt que la présidence de l’Assemblée nationale, Sonko a préféré rester dans l’ombre du pouvoir exécutif. Pourtant, à la tête de l’Assemblée, il aurait pu jouer un rôle décisif sans parasiter le Président.

Sa situation se complique avec la confirmation le 1er juillet de sa condamnation pour diffamation contre Mame Mbaye Niang, le condamnant à payer 200 millions de francs CFA. Cette décision judiciaire hypothèque sérieusement ses ambitions présidentielles à court terme.

Son absence remarquée à l’aéroport lors du retour de Faye des États-Unis, le 13 juillet, illustre également le fossé entre les deux hommes. Certains interprètent ces gestes comme des signes d’impatience d’un leader.

L’expérience malienne rappelle combien il est nécessaire de clarifier les rapports entre un Président et son Premier ministre. En 2024, les tensions entre Choguel Maïga et le Colonel Assimi Goïta ont dégénéré lorsque Maïga a publiquement critiqué le report des élections et la gouvernance jugée opaque de la Transition, affirmant n’avoir pas été consulté. Ces divergences ont culminé avec son limogeage quelques jours plus tard, soulignant à quel point l’absence de règles claires peut fragiliser les institutions et alimenter les crises politiques.

Alors que la relation entre les deux hommes se tend, le Sénégal risque de payer le prix de ces divergences. Pour retrouver la sérénité attendue, chacun devra retrouver sa place : au Président, la conduite de l’État, au Premier ministre, la mise en œuvre loyale des politiques publiques. 

À LIRE AUSSI

APPELS D'OFFRES
L’Hebdo - édition du 19/12/2024
Voir tous les Hebdos
Edito
Par KODHO

Pour les humains et pour la planète

La 27ème édition de la Conférence annuelle des Nations unies sur le Climat, la COP27, s'est ouverte il y a quelques jours à Sharm El Sheikh, en Égypte. ...


Lire la suite
JDF TV L'actualité en vidéo
Recevez toute l’actualité

Inscrivez-vous à la Newsletter du Journal d'Abidjan et recevez gratuitement toute l’actualité