Les États-Unis, superpuissance mondiale détentrice de secrets stratégiques pouvant redessiner l’ordre international, peinent à contenir une série de fuites qui soulèvent des inquiétudes croissantes.
Le dernier épisode en date concerne Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef du magazine The Atlantic. Le journaliste a été ajouté par erreur à un groupe Signal réservé à de hauts responsables américains où étaient discutés des projets de frappes contre les Houthis au Yémen. L’incident, confirmé par le Conseil de sécurité nationale, révèle une faille critique dans la gestion des communications confidentielles au plus haut niveau.
Mais ce n’est pas un cas isolé. En 2023, une erreur de saisie dans des adresses e-mails militaires avait provoqué l’envoi de millions de messages sensibles au Mali (avec l’utilisation de l’extension .ml au lieu de .mil), exposant des données personnelles, diplomatiques et stratégiques à un pays en proie à l’instabilité sécuritaire. Ce type d’erreurs, qu’on aurait pu juger anecdotiques, démontre en réalité des défaillances systémiques.
L’affaire rappelle aussi les révélations explosives d’Edward Snowden (2013), ex-consultant de la NSA, qui a mis au jour un vaste programme de surveillance de masse ciblant aussi bien des citoyens que des dirigeants étrangers. Avant lui, Julian Assange et WikiLeaks avaient divulgué des milliers de câbles diplomatiques secrets.
Chaque cas, à sa manière, a montré combien les dispositifs de contrôle, d’éthique et de cybersécurité aux États-Unis sont loin d’être infaillibles.
Ces failles créent des risques multiples, tels que l’exposition de soldats sur le terrain, les sabotages d’opérations secrètes, l’affaiblissement des alliances internationales et surtout, la perte de crédibilité. Dans un monde où les rapports de force s’intensifient, la maîtrise de l’information est une arme stratégique. Quand elle se retourne contre son détenteur, c’est tout l’équilibre géopolitique qui peut vaciller, souligne un analyste politique.
Que des journalistes ou des pays étrangers accèdent — par erreur ou par négligence — à des données classées top secret interroge. D’aucuns se posent la question de savoir à quand la prochaine fuite et avec quelles conséquences ? Pour les États-Unis, l’enjeu est vital, dans la mesure où l’urgence est de renforcer un écosystème informationnel aussi puissant que résilient où règne un grand désordre.
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