Le 7 janvier dernier s'est ouvert à Paris le procès de Nicolas Sarkozy, ancien Président français. Il est soupçonné d'avoir bénéficié de financements illicites de la part du régime libyen de Mouammar Kadhafi pour sa campagne présidentielle de 2007. Les charges retenues contre lui incluent la corruption passive, le financement illégal de campagne électorale, le recel de détournement de fonds publics et l'association de malfaiteurs.
Les allégations remontent à 2011, lorsque des responsables libyens, dont Kadhafi lui-même, ont affirmé avoir financé la campagne de Sarkozy. Ces déclarations ont été renforcées par des documents publiés par le site d'investigation Mediapart et par le témoignage de l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui a depuis rétracté ses propos. Sarkozy a toujours nié ces accusations, les qualifiant de « fantasmes ».
Ce procès intervient dans un contexte où Sarkozy a déjà été condamné dans d'autres affaires de corruption. En décembre 2024, la Cour de cassation a confirmé sa condamnation pour corruption et trafic d'influence, assortie d'une peine de trois ans de prison, dont un an ferme à purger sous surveillance électronique.
L'affaire du financement libyen soulève des questions sur les motivations de l'intervention militaire française en Libye en 2011. L'opération Harmattan, contribution française à l'intervention de l'OTAN, visait officiellement à protéger les populations civiles contre les attaques des forces de Kadhafi. Cependant, certains observateurs estiment que des considérations liées aux relations personnelles entre Sarkozy et Kadhafi ont pu influencer cette décision.
La chute du régime libyen, en août 2011, suivie de la mort de Kadhafi, en octobre de la même année, ont eu des répercussions majeures sur la stabilité de la région sahélienne. La prolifération des armes et la dispersion des combattants libyens ont contribué à l'essor de groupes armés séparatistes et djihadistes au Mali, au Niger et dans d'autres pays du Sahel, déstabilisant davantage une région déjà fragile.
Censé se poursuivre jusqu’en avril 2025, le procès de Nicolas Sarkozy pourrait révéler de nouveaux éléments sur les liens entre la France et la Libye, ainsi que sur les conséquences de ces relations pour la stabilité régionale. Les implications politiques et géopolitiques de cette affaire dépassent le cadre national français, touchant aux dynamiques de pouvoir en Afrique et aux interventions étrangères sur le continent.