38ème Sommet de l’UA : Repenser l’unité malgré les fractures et les crises

Les rideaux sont tombés sur la 38ème session du Sommet de l’Union Africaine, qui a réuni les chefs d’État et de gouvernement à Addis-Abeba le 16 février. Derrière les discours protocolaires, cette édition a révélé des tensions profondes et des mutations redéfinissant les équilibres africains.

L’élection de nouveaux dirigeants de l’UA a cristallisé certaines rivalités. João Lourenço, Président de l’Angola, prend la présidence tournante de l’organisation, une première pour son pays. Mahmoud Ali Youssouf, chef de la diplomatie djiboutienne, succède à Moussa Faki Mahamat à la tête de la Commission. L’Algérienne Salma Malika Haddadi a remporté l’élection à la vice-présidence face à la Marocaine Latifa Akhbach, illustrant la persistance des tensions maghrébines.

Les conflits en République démocratique du Congo et au Soudan ont dominé les discussions. Après la prise de Goma, les rebelles du M23 ont conquis Bukavu, aggravant la crise humanitaire. L’UA appelle au dialogue mais peine à imposer une médiation efficace. Au Soudan, la guerre civile continue, avec plus de six millions de déplacés et une famine menaçant d’autres millions de personnes. Les résolutions adoptées insistent sur un cessez-le-feu immédiat, mais leur application reste incertaine.

En Afrique de l’Ouest, la montée de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, traduit une rupture avec les institutions traditionnelles. L’UA n’a pas reconnu cette alliance, compliquant davantage les équilibres régionaux. Pendant ce temps, la CEDEAO peine à restaurer son influence face aux régimes de transition.

Le Sommet a également abordé la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale. L’intégration de l’UA au G20 en 2023 a été saluée, mais le continent revendique toujours un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. La question climatique, particulièrement importante pour l’Afrique, a été brièvement mentionnée, notamment sur l’accès aux financements pour l’adaptation au réchauffement.

Enfin, des sujets stratégiques ont émergé. L’intelligence artificielle, où l’Afrique représente moins de 2% des investissements mondiaux, devient une priorité. Le débat sur les réparations liées à l’esclavage et au colonialisme a ressurgi, avec un engagement de l’UA à obtenir des compensations des anciennes puissances coloniales.

Ce sommet a montré une Afrique tiraillée entre aspirations à l’unité et réalités géopolitiques complexes. L’Union africaine tente de maintenir une cohésion fragile, mais ses marges de manœuvre restent étroites face aux crises qui secouent le continent.

Massiré Diop

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