Le dernier rapport du Timbuktu Institute, publié en ce mois de mars 2025, analyse l’expansion du terrorisme dans le Golfe de Guinée, en particulier au Bénin, au Togo et en Côte d’Ivoire. Couvrant la période 2021 - 2024, il explique comment la pression militaire exercée au Mali, au Burkina Faso et au Niger pousse les groupes djihadistes à se déplacer vers le sud.
Cette tendance est confirmée par le Global Terrorism Index (GTI) 2025, qui classe le Burkina Faso en tête des pays les plus touchés par le terrorisme, devant le Mali et le Niger. Plus de 50% des décès liés au terrorisme en 2024 ont eu lieu dans le Sahel, devenu l’épicentre du terrorisme mondial. Face aux opérations militaires de l’Alliance des États du Sahel (AES), les groupes terroristes cherchent de nouveaux territoires et le Bénin est en première ligne.
Le rapport du Timbuktu Institute relève que les premières attaques terroristes au nord du Bénin remontent à 2021, visant des villages et des postes de police. À partir de 2023, elles sont devenues plus fréquentes et organisées contre l’armée béninoise.
En janvier 2025, une attaque contre un poste militaire à Alibori a causé plusieurs dizaines de morts, marquant une escalade. Les groupes affiliés à Al-Qaïda et à Daesch utilisent les zones protégées du Parc W et de la Pendjari comme bases arrière, facilitant les attaques transfrontalières depuis le Burkina Faso et le Niger.
Un contexte régional sous tension
L’expansion du terrorisme au Bénin coïncide avec une reconfiguration politique en Afrique de l’Ouest. En janvier 2024, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont quitté la CEDEAO, formant l’AES et modifiant ainsi les alliances sécuritaires.
Le rapport du Timbuktu Institute souligne que cette rupture complique la lutte antiterroriste, car les États côtiers comme le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire ne peuvent plus compter sur l’appui militaire de l’AES comme auparavant. L’absence de coopération efficace entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger laisse des zones frontalières vulnérables.
Le rapport du Timbuktu Institute alerte aussi sur une implantation durable du terrorisme au Bénin si des actions rapides ne sont pas prises. Sans une meilleure coordination entre l’AES et les pays du Golfe de Guinée, un nouveau front terroriste risque d’émerger, menaçant une stabilité régionale déjà sous pression.