Dix ans après l’Accord de Paris, redoubler d’efforts

PARIS – Dix ans. Voilà dix ans, lors de la COP 21 à Paris, 195 Etats prenaient un engagement historique – travailler ensemble et contenir à long terme l’augmentation des températures à 2 degrés au-dessus des niveaux préindustriels, en s’efforçant de ne pas dépasser un accroissement des températures de plus de 1,5 degré. La France a pris toute sa part pour faire réussir ce grand moment de coopération et de solidarité universelle.

Au terme de ces dix ans, nous pouvons être fiers du chemin parcouru.

En France, nous avons ainsi réduit nos émissions de gaz à effet de serre de 30% par rapport à 1990, dont 20% entre 2017 et 2024 et depuis 2018 nous sommes revenus dans la trajectoire (nous étions à moins de 1% de baisse par an avant 2017, nous avons doublé pour passer à plus de 2% par an en moyenne entre 2017 et 2022, et plus de 4 % par an en moyenne entre 2022 et 2024). Notre objectif est d’atteindre 50% de réduction d’ici 2030, soit 270 millions de tonnes de CO2 en moins dans l’atmosphère chaque année.

Ces résultats sont notre réussite collective. La réussite de notre écologie à la française, qui combine progrès et protection, qui permet de réduire nos émissions et le chômage à la fois. Nous n’imposons jamais de règle en l’absence d’alternative accessible. Nous refusons de sacrifier notre compétitivité. Nous voulons conjuguer souveraineté, emploi et décarbonation. Comment ? Par des choix clairs. J’ai placé l’écologie au cœur de chacune de nos politiques économiques, d’aménagement, énergétiques, agricoles et industrielles. J’ai également directement chargé le Premier ministre de la planification écologique et énergétique. La Stratégie Nationale Bas Carbone, publiée ce vendredi, en est l’illustration : nous nous donnons un cap vers la neutralité carbone qui dès lors façonne toutes nos politiques.

Nous nous appuyons sur des principes essentiels.

D’abord, le respect et la protection de la science. Nous nous appuyons sur le consensus du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (le « GIEC »), qui a lancé la semaine dernière l’élaboration de son septième rapport et s’est réuni pour la première fois avec l’ensemble de ses auteurs, ici, à Paris. Voilà pourquoi nous investissons autant dans la recherche et l’innovation sur les sujets climatiques pour trouver les nouvelles solutions de décarbonation. Avec la loi de programmation pour la recherche et avec France 2030, nous avons financé des programmes de recherche très concrets et des centaines de projets en lien avec le changement climatique dans des domaines variés, des petits réacteurs nucléaires modulaires à l’hydrogène décarboné en passant par les carburants durables ou la gestion de l’eau. A l’heure où la parole scientifique est contestée, nous continuerons d’accélérer en la matière et d’attirer les meilleurs chercheurs avec nos programmes Choose France for science.

Ensuite, l’ambition de sortir des énergies fossiles importées avec le choix d’une énergie décarbonée et souveraine, bataille indispensable pour l’indépendance de la Nation comme pour notre climat. Dès 2022 à Belfort, j’ai tracé les grandes lignes de notre politique énergétique : réduire la consommation de fossiles, développer les énergies renouvelables et relancer la production d’énergie nucléaire. Avec succès, puisque pour la première fois en 2024, notre électricité était décarbonée à plus de 95%, une performance sans égale dans le monde. A l’issue d’un travail inédit de concertation et de planification, nous avons identifié les zones dans lesquelles nous développerons les parcs éoliens en mer d’ici à 2050. Nous avons relancé la filière nucléaire, avec six nouveaux EPR2, dont les premières étapes de construction et de financement sont franchies, sans oublier le développement de petits réacteurs pour la chaleur. C’est bien une filière souveraine que nous construisons en France. Je veux aller plus loin encore : nous fermerons ou convertirons les dernières centrales à charbon d’ici 2027.

Troisièmement, aider nos industries à se décarboner. Parce que réindustrialiser la France, c’est contribuer à décarboner le monde. Une usine sur trois ouverte depuis 2024 en France est une usine de l’industrie verte. Les investissements verts ont progressé de près de 30% sur les trois dernières années. Nous avons déjà lancé la décarbonation des 50 grands sites industriels les plus émetteurs qui représentent à eux seuls environ 10% des émissions de la France. D’ici trois ans, ces sites auront réduit de moitié leurs émissions. Nos industries vertes créent des emplois dans nos territoires. C’est ici en France que nous comptons produire nos voitures électriques, comme la R5 à Douai, nos batteries, nos pompes à chaleur, ou nos panneaux photovoltaïques. Il nous faut la poursuivre aussi en Européens, pour continuer à simplifier, innover et protéger mieux ces industries contre la concurrence déloyale. Je souhaite que les annonces de la Commission européenne ces prochaines semaines montrent que la dynamique accélère, avec de la préférence européenne, et que l’Europe peut véritablement devenir le continent des projets de décarbonation les plus ambitieux. 

Quatrièmement, ne rien renoncer de l’ambition française de progrès. L’écologie doit améliorer le quotidien des Français. Rénover nos logements permet à chacun de baisser sa facture, au pays de réduire ses dépendances aux énergies fossiles, d’améliorer la qualité de vie de chacun. Cette ambition de progrès suppose de veiller toujours à l’égalité et au pouvoir d’achat. Avec le leasing social, 50 000 ménages modestes ont pu acquérir un nouveau véhicule en 2024 pour moins de 100€ par mois, 50 000 Français bénéficieront de cette offre aussi cette année. Avec le dispositif Ma Prime Renov et les certificats d’économie d’énergie, nous avons pu rendre accessible cette transition. Ainsi fin du monde et fin du mois se trouvent-elles réconciliées.

Cinquièmement, il nous faut nous adapter pour nous préparer aux conséquences du changement climatique, qui sont déjà là et vont encore accélérer. Nous avons ainsi adopté notre troisième plan d’adaptation au changement climatique et nous avons défini une trajectoire de référence afin de mettre en cohérence toutes nos politiques, du local au national.

Sixièmement, enfin, porter ce combat en Europe et dans le monde. Notre Europe est le continent le plus ambitieux pour le climat, avec l’objectif de neutralité carbone en 2050. L’Union européenne est également le premier bailleur mondial de financements pour le climat. La France assume pleinement son rôle de garante de l’Accord de Paris et de l’ambition climatique. En 2017, j’ai lancé les premiers One Planet Summit avec pour objectif de créer des coalitions d’acteurs, dans tous les domaines, capables d’agir à la fois sur la réduction des émissions et sur des projets d’adaptation. Depuis, nous avons lancé 50 initiatives très concrètes pour agir contre le changement climatique. Elles ont permis l’adoption dans un temps record, au niveau des Nations unies, du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal et de l’Accord pour la protection de la haute mer, la mobilisation de 4 milliards pour lutter contre les déchets plastiques et de plus de 19 milliards pour la protection de la biodiversité et la sécurité alimentaire. La France a également accueilli, 10 ans après la COP, la Conférence des Nations Unies sur l’Océan, afin de protéger des écosystèmes uniques et essentiels pour le climat. Nous menons ce combat dans le respect de la souveraineté de chacun. Nous soutenons les Partenariats pour une transition juste et la recherche de solutions de financement innovantes qui permettent d’aligner les flux d’investissement privés avec les objectifs mondiaux de décarbonation. C’est le message que j’ai porté lors de la COP30 à Belém.

Dix ans. Dix ans de succès et d’ambition. Dix ans, aussi, de tensions internationales, de contestation de la science, de divisions de nos Nations, de volonté d’effacement de l’idéal universel de liberté et de fraternité entre les peuples. La France, comme chaque fois dans ces moments de crise et de bascule, prendra toute sa part dans cette lutte pour notre climat et notre planète, toujours attachée à ces principes : respect de la science, ambition industrielle, progrès, solidarité, exemplarité de notre Europe. Faisons de la décennie qui s’ouvre un moment de réussite collective, fidèles à nos engagements de Paris.

Par Emmanuel Macron

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