Ils bénéficiaient pourtant d’une bonne aura au sein de leur parti politique respectif et avaient, pour certains, une base électorale sûre. Ils se sont presque tous cassé la figure en créant leur propre parti et n’ont jamais réussi à drainer les foules.
ls se nomment Dona Fologo, Zémogo Fofana ou encore Mamadou Koulibaly. Des baobabs indéracinables au sein de leurs partis, si bien que tout le monde aurait parié qu’ils succèderaient un jour au principal leader de la formation dans laquelle ils militaient. Mais, après avoir pris leurs distances avec celle-ci, ils se sont retrouvés presque seuls. Plusieurs autres ex cadres des trois grands partis de Côte d’Ivoire (PDCI, FPI, RDR) ont connu le même sort.
Perte d’influence Quand le Parti démocratique de Côte d’Ivoire perd le pouvoir, en 1999, il est traversé par plusieurs courants et Laurent Dona Fologo, après avoir tenté en vain d’en prendre le contrôle, décide de créer le Rassemblement pour la paix (RPP). Il sera suivi par une poignée de cadres et de militants, sans pour autant ébranler le PDCI. Zémogo Fofana, du Rassemblement des républicains (RDR) et Mamadou Koulibaly, du Front populaire ivoirien (FPI), ont connu le même sort. Le premier, revenu dans son parti d’origine, n’y jouit plus d’aucune confiance et le second peine à mobiliser et a même perdu son fauteuil de député en 2013. « L’électorat ivoirien reste en majorité fidèle à ses partis politiques et les militants suivent rarement les cadres qui s’écartent de leurs partis » explique le politologue Firmin Kouakou.
Prudence Au lendemain du bureau politique du PDCI du 17 juin, plusieurs cadres pro RHDP manifestent le désir de quitter le parti et d’aller directement au parti unifié. La tendance qui militait pour la création d’un courant en interne a fini par prendre le dessus. Même s’ils sont une trentaine de cadres du PDCI, dont certains présidents d’institutions (Ahoussou Jeannot, Sénat, Charles Koffi Diby, Conseil économique et social, Ahoua N’doli, Inspection générale), « ils sont convaincus qu’il n’est pas évident de rallier beaucoup de militants du PDCI à leur cause », notent plusieurs observateurs à Abidjan. « Ils jouent la carte de la prudence, à raison d’ailleurs, car il leur sera difficile de mesurer leur poids électoral sans le PDCI », renchérit un cadre du PDCI encore partagé entre les deux tendances. Le discours de « Sur les traces d’Houphouët » reste très poli à l’endroit de Bédié et les animateurs de ce courant se positionnent d’ailleurs comme « les sauveurs de Bédié et du PDCI », transposant leur colère sur d’autres cadres, qu’ils qualifient de « frustrés pour ne pas avoir obtenu une belle part dans le partage du gâteau ».
Ouakaltio Ouattara