Le top départ du Ramadan, 4ème pilier de l’islam, a été donné lundi 6 juin. Si les 30 jours de jeûne représentent un principe commun chez les musulmans, leur application et les attitudes sont propres à tout un chacun, qui vit à sa manière ce mois de carême.
Si chacun consent à ne pas s’alimenter de l’aube au coucher du soleil, chacun vit son ramadan à sa manière et met l’accent sur certains aspects plutôt que d’autres. Assise derrière son étal et vêtue d’une longue robe colorée assortie d’un voile noir, Fatou Ouattara, vendeuse de produits pharmaceutiques à Gonzagueville est formelle sur la question de l’habillement : « si tu jeûnes sans te couvrir la tête, c’est zéro ». Mais pour Souleymane Bintou, une de ses clientes venue acheter des cachets pour son fils, ce « n’est pas le plus important. L’islam demande qu’on jeûne du matin au soir et c’est tout. Ce n’est pas parce que tu t’es complètement fermée que ton carême sera accepté », plaide-t-elle.Alors que l’abstinence de nourriture est mise en avant par certains, d’autres insistent sur un certain état d’esprit à avoir, comme l’imam Ibrahim Koné de la mosquée de la Sogefiha à Abobo. Pour lui, en dehors de l’abstinence en nourriture et en eau, « le fidèle doit aussi se garder de dire et d’entendre des insanités, des injures, de se bagarrer, de regarder les femmes, cela annule le jeûne ».
Un avis que semble partager Ibrahim Fofana, apprenti d’un gbaka à Marcory, qui estime que c’est le fait de « parler mal ou de regarder avec mépris qui peut gâter le carême ». Pour ce faire, il pense avoir trouvé la solution : « c’est quand je ne travaille pas que je jeûne ». Apogée de ces divergences, la célébration de la fête de la fin du Ramadan, l’Aïd el Fitr, divise ceux qui font bombance et les plus modérés. Pour certains, la célébration classique, qui consiste à prier à la mosquée, rendre visite aux proches et partager un copieux repas familial ne suffit pas. Il leur faut un show entre maquis, glaciers, bars, restaurants et hôtels. Ces pratiques ne sont pas du goût de certains prédicateurs, comme l’imam Diakité de la mosquée de l’avenue 8 à Treichville, pour qui « les expressions démesurées de joie ne sont pas islamiques ». Le débat a encore de beaux jours devant lui…
Noé MICHALON