Le retour de Laurent Gbagbo acté, la classe politique pourrait connaître un remue-ménage. Actuellement en alliance avec le PDCI, une partie du FPI lorgne également le statut de Chef de l’opposition.
Peu importe le format que prendra son retour, Laurent Gbagbo ne compte pas se mettre en marge du débat politique. Son futur combat sera alors à deux niveaux : récupérer le Front populaire ivoirien (FPI), dont il est le fondateur, et se positionner comme le « patron de l’opposition » ivoirienne. Deux batailles qu’il devra mener avec subtilité afin de regagner une large place dans le débat politique ivoirien.
Cuisine interne Si les candidats proches de Laurent Gbagbo avaient accepté d’aller aux législatives sous la coupe d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), Laurent Gbagbo n’a pas pour autant tourné la page du FPI. L’on se souvient qu’il avait en parallèle mis en place une direction du FPI, taxée de « dissidence », conduite de mains de maître par Assoa Adou. Il avait manœuvré également pour écarter Simone Gbagbo, pourtant Vice-présidente de ce courant. Face à un Affi N’Guessan qui revendique d’avoir la légalité pour lui, Laurent Gbagbo n’aura pas la tâche facile. Affi N’Guessan qui a déjà fait savoir qu’il attendait l’ex Président pour « savoir s’il soutient la légalité ou la dissidence », ne compte pas lui dérouler le tapis rouge. Écarté de l’alliance de l’opposition à la veille des législatives et tacitement du Comité d’organisation du retour de Laurent Gbagbo, il rumine sa vengeance. Sous cape, ses partisans, qui pensent qu’une reprise du FPI par Laurent Gbagbo est un danger pour leur avenir politique et celui de leur leader, sont à la manœuvre afin d’affronter la tempête que pourrait soulever un bras de fer entre Affi et Gbagbo.
Alliance L’autre plan sur lequel Laurent Gbagbo est attendu est son alliance avec Henri Konan Bédié. Celui-ci a été d’un soutien important pour lui depuis son divorce d’avec Alassane Ouattara, en 2018. Les deux hommes se parlent fréquemment et, même si des divergences avaient éclaté entre eux autour du Conseil de transition, ils avaient pu aller ensemble aux élections législatives dans plusieurs circonscriptions. Depuis, chaque parti travaille à sa redynamisation et à son retour au pouvoir en comptant sur sa propre base. Reste à savoir la forme que prendra une nouvelle alliance. Sera-t-elle à but électoraliste, comme se fut le cas au sein du RHDP, ou servira-t-elle de moyen de pression sur le RHDP ? Peu importe sa forme, l’avenir de cette coalition se jouera avec un Laurent Gbagbo de retour sur l’espace politique ivoirien.
Yvan AFDAL