Dans le contexte ivoirien, peut-on faire une différence entre prisonnier politique et homme politique en prison ?
Un homme politique en prison est une autorité politique qui a commis une infraction de droit commun, par exemple un vol ou un meurtre, et qui, par conséquent, est incarcérée. A l'inverse, le prisonnier politique est la personne dont la détention a été imposée pour des raisons purement politiques sans rapport avec une infraction quelle qu'elle soit. Le droit positif ivoirien considère aussi le prisonnier politique comme celui qui a commis une infraction portant atteinte à un intérêt ou à un droit politique de l'Etat et des citoyens, par ex-une tentative de coup d'Etat.
À la lecture, peut-on dire que les hommes politiques ivoiriens s’accommodent à la prison ?
Non, personne ne s’accommode à la prison. La récurrence de prisonniers politiques ou d'hommes politiques en prison procède de la nature de notre système politique qui est en conflit avec la liberté d'expression, d'opinion, de conscience, de pensée d'une part, et du fait que nos hommes et femmes politiques ne savent pas ce que sont la Démocratie, l'Etat et la République, d'autre part, subséquemment, ils ne peuvent pas avoir des comportements démocratiques, républicains et la stature d'hommes et de femmes d'Etat.
Doit-on parler de provocation de trop des opposants ou de fébrilité des dirigeants dans cette situation ?
Je dirai les deux. Mais tout ceci procède du fait qu'on ne peut pas être un démocrate, avoir des attitudes républicaines et agir en homme d'Etat si on ne sait pas ce que sont la Démocratie, la République ou l'Etat. Dans certains Etats, les hommes politiques sont issus des écoles de sciences politiques ou de l'Ecole Nationale d'Administration où ils apprennent la politique, ce qui n'est pas le cas chez nous où on devient homme politique parce qu'on a de l'argent. Et d'ailleurs le code électoral le montre bien, il faut avoir vingt millions pour être candidat à la présidentielle.