Les déchets d’équipements électroniques et électriques constituent un véritable potentiel inexploité. Bien utilisés, ils peuvent servir à beaucoup de choses. Création d’emplois verts et recyclage restent des champs à explorer.
Au-delà de la menace qu’ils représentent, les déchets électroniques et électriques restent une richesse sous-exploitée, sinon non exploitée. Pourtant, « la mine est dans la ville », lance avec conviction Anselme Akéko, spécialiste de la question, pour qui il faut encourager les Ivoiriens à s’intéresser à cette nouvelle « richesse ». Le domaine est certes récent et les initiatives rares, les investisseurs hésitant encore à s’y lancer. En attendant, des déchets électriques et électroniques sont emmagasinés dans les bureaux, dans les domiciles ou encore dans les magasins de réparation de téléphones portables ou autres appareils électroniques. « Chacun dort sur une richesse qu’il ignore et qu’il décidera un jour de mettre à la poubelle, comme les ordures ménagères », déplore-t-il.
Opportunités Une aubaine pour les acteurs qui devraient saisir les opportunités liées aux évolutions technologiques pour une meilleure exploitation des déchets et mieux prendre en considération la rareté des réserves en métaux. Avec seulement un tiers des métaux répertoriés par les Nations Unies recyclés à plus de 50% et 14, dits rares, qui ne le sont qu’à 1%, promouvoir le recyclage est aussi favoriser la compétitivité des industries mécaniques, métallurgiques et électriques nationales. Avec les économies qu’il permet, on peut augmenter le savoir-faire des industriels locaux, accroitre la disponibilité de la ressource au niveau local et favoriser la création de valeur ajoutée. Ce sont des objectifs que pourrait se fixer la Côte d’Ivoire, préconise l’informaticien Jean-Michel Koutouan. En attendant que le gouvernement ne mette en place sa politique visant la création de 5 000 emplois verts, de jeunes ivoiriens tentent, tant bien que mal, de se lancer. C’est cas de Narcisse Mimba, 28 ans, plus connu sous le pseudo de « Germinal », qui en a fait son activité principale dans la commune de Yopougon, non loin du terminus 27. « Je transforme des appareils devenus inutilisables en beaux objets de décoration. Par exemple, je peux transformer un ordinateur usagé en veilleuse. Mais, sans grands moyens, je reste dans l’informel et j’en tire très peu de revenus », explique-t-il à JDA, en déplorant le fait que le secteur des déchets électroniques ne soit pas bien organisé en Côte d’Ivoire. Car tout cela a un coût. « Il faut arriver à mettre en place des centres de pré-collecte et de collecte et surtout développer de véritables industries de traitement de ces déchets. L’on aura ainsi apporté une réponse au recyclage, à la création d’emplois et à la sauvegarde de l’environnement », préconise-t-il.
Ouakaltio OUATTARA