Effondrements d’immeubles : Échecs et morts !

Depuis plus d’une décennie maintenant, les effondrements d’immeubles à Abidjan sont devenus récurrents. Abobo, Yopougon, Cocody, aucune commune n’est épargnée. Avec le temps, le bilan de ces drames s’alourdit. Alors que des voix s’élèvent ici et là pour dénoncer le laxisme des constructeurs et l’indolence des organismes de contrôle, les Ivoiriens, quant à eux, veulent un coupable à clouer au pilori. Mais pas que. Ils exigent plus de vigilance et plus de responsabilité, depuis l’acquisition des terrains jusqu’à la fin des travaux de construction.

Auparavant, en Côte d’Ivoire les immeubles s’effondraient sous la charge de la pluie et du vent. Aujourd’hui, rien que leur propre poids suffit à les mettre à terre. Le 12 mars dernier, un immeuble de type R+5, situé à la Riviera-Anono, est tombé sur les personnes qui se trouvaient en dessous. Le dernier bilan établi par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) fait état de 13 personnes décédées, dont 7 enfants, ainsi que de nombreux biens de riverains détruits dans le périmètre. À date, les recherches se poursuivent toujours sur les lieux pour retrouver d’éventuels corps.

Selon les témoignages du voisinage, le bâtiment était penché depuis plusieurs jours. Aucune disposition n’avait cependant été prise pour protéger les personnes qui habitaient à côté. En plus de cela, notent les mêmes témoins, l’inscription AD (ndlr, à démolir) était gravée sur l’immeuble. Alors que les gens pensaient qu’il allait finalement être détruit, grande fut leur surprise de constater que les travaux avaient repris. Des agents de la Brigade d’investigation et de contrôle du ministère de la Construction révèlent que les propriétaires de l’immeuble effondré sont Anoh Alfred S/C et Monsieur Tope Jean Fortuné. Et qu’ils ne disposaient pas d’un permis de construire en bonne et due forme et avaient déjà fait l’objet d’une mise en demeure pour arrêt immédiat des travaux le 5 janvier 2021.

Locataires en danger C’est l’un des bilans les plus meurtriers de la série d’effondrements d’immeubles que la Côte d’Ivoire connaît devant les dix décès causés par l’immeuble écroulé le 13 juin 2018 à Yamoussoukro. Pas plus tard que ce samedi 20 mars 2021, un autre immeuble, à la Riviera-Bonoumin, a poussé la Police et les Sapeurs-pompiers militaires à délimiter un périmètre de sécurité. Trois balcons se sont détachés de la façade du bâtiment. Rien qu’au mois d’octobre dernier, deux immeubles se sont écroulés à Abidjan. Pour les observateurs, le système de contrôle mis en place dans le cadre de la politique de construction est un échec et il cause des morts.

« Ce sont des choses qui nous inquiètent lorsque nous les voyons. Pour les locataires, le premier souci lorsqu’on habite dans une maison, c’est de s’assurer qu’elle a été construite avec les bons matériaux. Or, d’après ce que nous voyons, ce n’est pas très souvent le cas », signale Yaya Sanogo, Président de l’Union nationale des locataires de Côte d’Ivoire.

Choqué, le CNDH dénonce une forme de laxisme qui sévit et permet le non respect des normes de construction. Dans une déclaration faite le lundi 22 mars, la Présidente de la structure, Mme Namizata Sangaré, a interpellé l’opinion nationale sur la persistance des « actes d’incivisme » dans le milieu de la construction immobilière. « Notamment contraires au respect des normes de construction et de sécurité, malgré l’adoption de nombreuses mesures législatives et règlementaires ces dernières années ». Qui dit norme dit forcément acteurs professionnels. Les architectes de Côte d’Ivoire, qui se sentent visés, étaient déjà montés au créneau le 19 mars dernier. Le Conseil national de l'ordre des architectes de Côte d'Ivoire (CNO) s’est dit préoccupé par cette situation.

Sécurité Pour Abdoulaye Dieng, Président du CNO, l’une des choses à faire est d’impliquer les architectes dans la construction des immeubles, ce que les Ivoiriens ne font pas. « Globalement, les bâtiments s’écroulent parce qu’on ne fait pas recours aux professionnels, parce qu’on construit dans l’illégalité ou parce qu’on s’attache les services de tâcherons », conclut pour sa part le Directeur général de la Construction, de la maintenance et de l’architecture, Messou Augustin, qui regrette le drame de la Riviera-Anono.  

« Le premier responsable, c’est le maître d’ouvrage, qui a construit sans s’associer les services d’un professionnel. S’il avait fait recours à un architecte, avec un contrat signé qui fasse foi, à ce moment-là sa responsabilité de maître d’ouvrage serait dégagée. Une enquête doit être diligentée pour voir si c’est l’ingénieur ou le bureau de contrôle qui a failli. En la matière, le maître d’ouvrage a failli parce qu’il a utilisé des tâcherons pour construire, en violation flagrante de la réglementation en vigueur en matière de construction », explique Augustin Messou.

Les règles sont là, selon Yaya Sanogo. Le problème, dit-il, c’est leur application. « On aimerait par exemple que le propriétaire de la maison nous présente le numéro de son permis de construire pendant la signature du contrat de bail. Cela, pour rassurer le locataire qui va habiter là. Ce sont nos vies que nous mettons en danger », fait-il remarquer.

C’est dans cette mêlée que le ministre de la Construction, du logement et de l’urbanisme a décidé de mettre les points sur les « i ».  Déjà la semaine dernière, alors qu’il était l’invité de la Chambre de commerce et d’industrie française en Côte d’Ivoire, Bruno Koné a rappelé : « un effondrement d’immeuble, pour nous c’est un échec ». Lui qui souhaitait zéro effondrement d’immeuble en 2021 s’est dit déçu.

Le CNDH a, dans sa sortie, souligné le mutisme des services techniques des administrations en charge du contrôle et du respect des normes de construction, « laissant parfois poursuivre des travaux sur des chantiers immobiliers présentant des risques de sécurité, et ce après des mises en demeure ».

Laxisme de l’État ? Selon Bruno Koné, le rôle régalien de l’État dans ce type de situations est limité. L’État, pour le ministre, s’assure que l’autorisation de construire est conforme. Le permis de construire, d’après lui, est délivré avant le début de la construction. « Si vous construisez autre chose après, vous pensez que l’État a la capacité de venir contrôler ? (…). On ne peut pas mettre un policier devant chaque construction. Au-delà d’avoir des policiers pour contrôler, il faut aussi avoir l’œil du technicien », signifie le ministre.

Aux dires de Bruno Koné, c’est au propriétaire de s’assurer que ceux qui travaillent sur son chantier sont des personnes de qualité et que ses matériaux le sont également.

Mais, Bruno Koné promet que désormais toute construction illégale fera l’objet de saisine du Procureur. « Les contrevenants répondront de leurs actes devant les juridictions compétentes », insiste le ministre de la Construction. Les sanctions ont notamment été renforcées. Aujourd’hui, reconnaît-il, un propriétaire immobilier peut aller en prison pour faute lourde. 

Devant la récurrence des effondrements, le ministre prévient également que désormais toutes les défaillances notées en matière de construction feront l’objet de sanctions, y compris chez les agents de la construction qui sont souvent cités dans les cas de corruption. Une corruption que le ministre reconnaît, mais qu’il juge minime par rapport au laxisme des constructeurs.

« Le plus souvent, les gens ne signalent pas officiellement les cas. Nous demandons à la population d’appeler le numéro vert du ministère. Mais on préfère signaler les cas entre voisins. Il faut appeler. Sinon, c’est votre propre vie que vous mettez en danger », s’indigne le collaborateur du ministre de la Construction. En définitive, pour Mme Namizaté Sangaré, il faut renforcer les dispositifs opérationnels de contrôle et de répression des actes d’incivisme dans le domaine de la construction immobilière si l’on veut préserver des vies humaines. En clair, celui qui transgresse les règles doit payer.

Raphaël TANOH

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