Le désordre qui prévaut dans la fixation des prix au sein des commerces ne s’est pas étiolé, malgré des décennies de dénonciation. Hélas, les agents commis pour régulariser la situation ne sont pas des « Terminators ». Corruptibles et laxistes, ils mènent un combat d’avance perdu contre des commerçants véreux.
Il y a quelques semaines, le ministère du Commerce et de l’industrie reconnaissait de nombreux insuffisances d’agents de contrôle déployés sur le terrain pour lutter contre la flambée des prix. Ils ne sont que 300 agents pour plusieurs centaines de milliers de commerçants. Selon le ministre Souleymane Diarrassouba, le nombre de commerçants repartis sur l’ensemble du territoire n’est pas encore évalué avec certitude. Il pourrait valoir le million. Un recensement débuté il y a peu a déjà enregistré plus de 300 000. Pour contraindre ces commerçants à respecter les prix fixés, Souleymane Diarrassouba reconnaît que le contrôle tout azimut n’est pas réaliste. Augmenter le nombre d’agents ne saurait également combler le gap avec le nombre de commerçants. Le ministre compte pour cela sur la collaboration des associations de consommateurs et sur la dénonciation. Un numéro vert a été mis à la disposition de la population pour appeler en cas de prix disproportionnés constatés dans une boutique. Autant dire que la réussite de cette politique est entièrement basée sur la moralité des agents de contrôle. Pourtant, les rapports qui sont fait jusque-là sur ces gents ne sont pas tous flatteurs.
Corrompus Selon Marius Comoé, président de la Conseil national des organisations de consommateurs de Côte d'Ivoire (CNOC-CI), certains parmi eux ferment constamment les yeux sur les irrégularités constatées dans la fixation des prix. « C’est pour cela que l’anarchie continue sur le marché. Si on arrivait à sanctionner convenablement les auteurs, les commerçants respecteraient plus les prix homologués et les gens ne trafiqueraient pas leurs balances », fait-il savoir. Conscient du problème, le ministre du Commerce dit avoir pris les mesures nécessaires. Selon Souleymane Diarrassouba, les agents véreux seront sanctionnés. Certains, d’ailleurs, à l’entendre, ont été épinglés et une procédure disciplinaire suit son cours à leur encontre. Ils auraient pris des pots-de-vin dans la zone de Cocody. Si l’enquête les déclare coupable, note le ministre, ils seront radiés des effectifs des agents de contrôle. Ce sont des cas qui arrivent rarement. Le manque de dénonciation et de sanction relève le plus souvent d’une simple volonté que d’une absence de preuve. Pour assainir le marché, il faut commencer par impulser un idéal dans la machine de répression, pervertie par ces dernières décennies de sclérose. En somme, la lutte contre l’anarchie des prix dans les commerces n’est pas différente de toutes celles qu’on a vu jusque-là. Pour gagner, il faut être intransigeant.
Raphaël TANOH