Ils sont cinq candidats à avoir déposé leur dossier de candidature pour la succession d’Henri Konan Bédié. En attendant la possibilité d’avoir un consensus entre ces derniers, chaque camp multiplie les actions de séduction. Ainsi, Noël Akossi Bendjo, Maurice Kakou Guikahué, Tidjane Thiam, Jean-Marc Yacé et Moise Koumoué devraient s’affronter dans les urnes le 16 décembre 2013 lors d’un congrès extraordinaire. Le PDCI reste déterminé à déjouer tous les pronostics qui annoncent la disparition du plus ancien parti politique de Côte d’Ivoire. Pour ces militants, tout sera mis en œuvre pour que le lègue d’Henri Konan Bédié soit protégé et serve d’instrument solide pour la reconquête du pouvoir, seul agenda du PDCI depuis décembre 1999. Les quelque 8 000 électeurs qui seront convoqués le 16 décembre donneront un nouveau dynamisme à un parti qui a besoin de reconquérir de nouvelles zones électorales avant octobre 2025.
Cinq dossiers de candidature pour briguer la présidence du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) ont été déposés. Il s’agit de Noël Akossi Bendjo, Maurice Kakou Guikahué, Tidjane Thiam, Jean-Marc Yacé et Moïse Koumoué. Succéder à Henri Konan Bédié, disparu le 1er août 2023 semble ne pas être une mince affaire. Déjà chacun y va de ses pronostics. Des plus alarmants au plus optimiste pour ce grand et ancien parti qui se trouve à un carrefour important de son histoire. Créé en avril 1946, le PDCI n’a connu jusque-là que deux présidents. Felix houphouët Boigny (1946-1993) à qui a succédé Henri Konan Bédié (1993-2023). En attendant un probable consensus autour de l’un de ses cinq candidats, les débats font rage autour des textes du parti, chacun y allant avec son interprétation. Afin de mettre tous ces candidats au même niveau, le Professeur Philippe Antoine Cowppli-Bony Kwassy Kwadjo, actuel Président par intérim du PDCI-RDA a souhaité tous les candidats occupant une fonction au sein de l'administration du PDCI se mettent en congé durant la période d'organisation des élections pour assurer l'égalité des chances. Si certains se sont pliés à cette injonction, Maurice Kacou Guikahué la rejette.
Respect des textes Pour le camp Maurice Kakou Guikahué, cette exigence est non conforme aux statuts du parti. Le député Marius Konan, porte-parole du candidat Guikahué, a exprimé son mécontentement au cours d’une conférence de presse qu’il a animé, le dimanche 26 novembre 2023. Il déplore que le Président par intérim cherche à discréditer leur candidat en laissant entendre un éventuel limogeage, sans se baser sur des fondements statutaires. Pour lui, l'article 43 des statuts du parti maintient le Secrétariat Exécutif en place sans créer d’incompatibilité. Pour rappel, il cite d’anciens prétendants au poste comme Laurent Dona Fologo et Alphonse Djédjé Mady, qui ont poursuivi leurs fonctions tout en se portant candidats à des postes de responsabilité. Autre débat, autour de ce congrès, le nombre d'années au sein du bureau politique. Selon la lecture de certains, il pourrait être reproché à Thiam son manque d'assiduité au sein des instances de l'ancien parti unique. Selon ces détracteurs, si l’ex-ministre du plan sous Henri Konan Bédié avait été coopté dans le bureau politique en octobre 1996, il n’était plus mentionné dans les listes des bureaux politiques depuis le congrès du PDCI de 2002. Il n’y aurait été réintégré qu’en mars 2023, soit un peu plus de six ans de présence effective cumulée. Mais les partisans de Thiam rejettent du revers de la main cette interprétation des textes. Pour eux, leur champion est bel et bien membre du bureau politique depuis plus de 10 ans car leur candidat s’est acquitté de tous ses arriérés de cotisation, ce qui devrait justifier plus de 10 ans d'ancienneté au bureau politique. Le comité électoral sera chargé de trancher, et devrait communiquer sa décision dans le courant de la semaine. Quant à Noel Akossi Bendjo, sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison, sa candidature, selon le camp adverse, devrait être rejetée. Pour ces derniers, le président du PDCI étant élu avec les mêmes conditions que le président de la République, cela pourrait être un obstacle pour Bendjo en cas de victoire au soir du 16 décembre. Mais ce dernier a déjà trouvé la parade. « Je suis candidat uniquement pour la présidence du parti et non pour être le candidat du parti à une élection présidentielle. Dans ce débat où chaque camp souhaite l’élimination de l’un des trois candidats (Tidiane Thiam, Noel Akossi Bendjo et Maurice Kacou Guikahué) deux outsiders se frottent les mains. Il s’agit de Jean Marc Yacé et de Moïse Koumoué, qui font des mains et des pieds afin de pouvoir être des candidats du consensus ou à défaut, voir leurs candidatures validées et celles des trois autres rejetées « conformément aux textes » prônent leurs soutiens.
Deux favoris Dans cette campagne, deux favoris se dégagent. Tidiane Thiam et Maurice Kacou Guikahué. « Thiam doit être le président et le candidat du parti à l’élection présidentielle de 2025, quitte à nommer un secrétaire exécutif fort » clament ses partisans au sein des comités de base. En effet pour eux, si la longue absence du terrain politique pourrait être un handicap pour lui dans la gestion du parti, il pourra s’appuyer sur une personnalité qui maîtrise les arcanes de la politique ivoirienne. Le choix de Tidjane Thiam comme président et candidat, est, sans nul doute, le gage d’une victoire certaine et d’une gouvernance irréprochable proclament ces derniers. Le banquier cristallise désormais les espoirs au sein du PDCI. Face à lui, Maurice Kacou Guikahué. Ce dernier a été de tous les combats de ce parti d'houphouët à Henri Konan Bédié. « Le PDCI-RDA devra se choisir un Président qui s’approprie et fait corps avec les idéaux de ce Parti, un Président dont le rôle principal sera d’insuffler à cette formation politique une dynamique en même temps qu’il établit et entretient la connexion entre ses membres » souligne Albert Yao-Kouamé, membre du Bureau politique du PDCI-RDA et proche de Guikahué. Et pour ce dernier, le prochain président du PDCI-RDA qui doit être permanemment disponible et à l’écoute des militants pour bien cerner leurs problèmes, leurs préoccupations, afin de mieux les comprendre n’est autre que Maurice Kacou Guikahué.
La survie, principal enjeu Ce congrès , s'annonce comme un virage assez dangereux. Le moindre mal serait d’avoir un consensus autour d’un candidat. Même si le ton reste à l’apaisement, n’empêche que de temps à autre les camps se suspectent mutuellement de vouloir poser des actions peu orthodoxe. Entre la possibilité de voir une ou des candidatures invalidées ou encore une entorse à certaines règles pour apaiser tous les camps, jamais un congrès du PDCI n’a été aussi explosif. Le ton monte par moment et met la pression sur le comité d’organisation et le président par intérim. Entre « Camoraciens »et « Meecistes » les luttes de positionnement existent depuis longtemps. Mais, au sein de ce parti, le débat contradictoire a une place très importante. Le rassemblement et la cohésion sont presque le catéchisme de ces militants. Le PDCI devrait ainsi parvenir à déjouer l’avenir sombre que lui prédisent certains. Déjà principal parti d’opposition si l’on s’adosse aux résultats des élections locales du 2 septembre, le PDCI qui a plié sans rompre au début des années 2000, pourrait relever le défi de la cohésion de la survie dans l’ère post Bédié.