Tendue, la situation sécuritaire n’offre pas un cadre serein et propice aux investisseurs qui, depuis le début de l’année 2017, se font de plus en plus discrets et prudents.
Le taux de 9% de croissance économique pour la Côte d’Ivoire, annoncé depuis l’année 2016 et représentant un indicateur important pour le pays, connaîtra une baisse cette année. Parmi les raisons de ce recul, outre la chute des cours mondiaux du cacao, on pointe également du doigt les mutineries de janvier et de mai et les attaques répétées des différents camps militaires, qui perturbent la quiétude des acteurs majeurs de l’économie du pays. Une situation qui risque bien de mettre à mal le travail abattu par l’État de la fin de la crise post-électorale.
PIB au ralenti Le 24 juillet, la Banque mondiale a présenté au gouvernement ivoirien le cinquième rapport sur la situation économique du pays. A en croire ce document, les choses ne semble pas être reluisantes pour notre pays. En effet, selon Jacques Morriset, expert de l’institution, après cinq années de forte croissance, l’économie ivoirienne montre des premiers signes d’essoufflement, à cause de la baisse du prix du cacao et des troubles sociaux survenus ces derniers mois. La conséquence est donc claire. La croissance économique devrait atteindre 7% du Produit intérieur brut (PIB) en 2017, en prolongement du ralentissement de 2016, où le taux s’établissait à 7,7%.
Pourtant, la Côte d’Ivoire continue d’enregistrer une performance excellente, avec le deuxième taux de croissance du PIB en Afrique. Cependant, selon le Directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, Pierre Laporte, les perspectives restent bonnes, même si les projections présentées dans ce rapport prévoient que son sentier de croissance devrait graduellement converger autour de 6,5% dans les années à venir, à condition que la Côte d’Ivoire reste prudente face aux éventuels risques d’instabilité sociale et politique. Rappelons que l’État avait mis en place toute une panoplie de mesures économiques afin de permettre d’atteindre l’objectif d’un taux moyen de croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 8,7% entre 2016 et 2020.
Fuite des investisseurs « Qui viendra investir dans un pays instable ? », s’interroge Docteur François Adou, enseignant à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody, et par ailleurs géo-politologue. Selon lui, la situation d’instabilité que vit la Côte d’Ivoire depuis quelque temps pourrait freiner cl’élan des investisseurs internationaux vers le pays et empêcher les aides au développement de l’Union européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et d’autres organisations financières internationales. Le 6 juillet dernier, face à des investisseurs qui exprimaient leurs inquiétudes, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, qui était face au secteur privé ivoirien lors des « TI DEJ » de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), a tenu à les rassurer. Rappelant que les différentes réformes entreprises dans le secteur économique ont eu pour résultat de tripler les investissements dans le pays (de 1 000 milliards de francs CFA en 2011 à 3 000 en 2016), il a soutenu que les perspectives restaient bonnes.
Anthony NIAMKE