Après l’amnistie, les regards se tournent désormais vers les exilés. Plus de 90% sont certes de retour, selon les chiffres officiels, mais il reste encore certaines grandes figures de l’opposition et des familles vulnérables.
Ils craignaient de se faire interpeller à leur retour en Côte d’Ivoire. Certains étaient sous le coup d’une condamnation et d’autres faisaient l’objet de poursuites judiciaires. C’est désormais un lointain souvenir pour ces exilés. Les plus illustres, Justin Katinan Koné, Lazare Koffi Koffi, Emile Guiéroulou, etc. appartiennent à l’aile dure du Front populaire ivoirien. Accepteront-ils de rentrer ?
Hésitations Ils ne s’attendaient pas à une telle décision. En tout cas pas de sitôt. La question du retour des exilés, selon une source proche de la Coordination des militants du FPI en exil, pourrait être abordée dans les jours à venir. « En théorie, plus rien ne s’oppose désormais à un retour des exilés. Mais il ne faut pas précipiter les choses, car certains ont construit une nouvelle vie hors des frontières ivoiriennes et leur retour ne peut se faire de façon mécanique », confie notre interlocuteur. Les premiers concernés refusent pour l’heure de se prononcer, attendant sûrement de « voir un peu plus clair dans cette décision. Tous comptes faits, ils sont conscients qu’ils doivent rentrer pour reprendre la lutte », poursuit notre source sous le couvert de l’anonymat. Mais le retour des exilés encore anonymes du Ghana ou du Libéria devrait pouvoir se faire dans les jours à venir, pour ceux qui le souhaitent. « Il leur sera difficile de justifier désormais leur exil », estime le politologue Sylvain N’Guessan.
Nouveaux combats Pascal Affi N’Guessan n’a pas attendu longtemps pour passer à d’autres revendications. Son prochain combat? « Celui du dégel des avoirs des ex-prisonniers ». Un point sur lequel le ministre de la justice, gardes des sceaux Kambilé Sansan a tenu à rassurer le 8 août. « La mise en œuvre de cette mesure d’amnistie se traduit dans l’immédiat (…) par le dégel des comptes bancaires de tous les bénéficiaires. Mais un bras de fer devrait s’engager sur la question, le camp Affi soutient toujours que les premiers libérés en 2013, ont encore leurs comptes gelés. Autre combat, celui de la libération des détenus militaires. Une soixantaine, non concerné par la loi d’amnistie. Sur la question, les choses s’annoncent difficile car une dizaine d’organisation de défense de droit humains voient d’un mauvais œil la libération des détenus politiques civils. Ils y voient une porte ouverte pour l’impunité et craignent que les acteurs ne retiennent pas les leçons du passé.
Ouakaltio OUATTARA