La hausse des cas d’infections au nouveau coronavirus amène les autorités à s’interroger sur le respect des mesures sanitaires. Mais, pour contraindre les Ivoiriens à être des citoyens responsables, il faut parfois des sanctions!
Assurément l’un des faits marquants dans cette période de coronavirus en Côte d’Ivoire, du moins pour ce qui concerne les sanctions contre les réfractaires aux mesures sanitaires édictées par l’État. Amadou Cissé, le conducteur sans permis de conduire qui a causé la mort du Professeur Laurence Adonis, de son époux et de leur fils, vient d’écoper d’une peine de 6 ans fermes. Son complice Inza Diané, qui lui avait cédé le volant, a été condamné pour sa part à 4 ans de prison ferme. La jeune fille qui était avec ces jeunes dans la voiture a été condamnée à 6 mois de prison avec sursis pour violation des mesures contre la Covid-19. C’est aussi le cas du tenancier du bar où ces jeunes gens étaient allés s’enivrer, alors que les autorités avaient interdit l’ouverture des bars et boîtes de nuit. En plus de 6 mois avec sursis, ils sont tous condamnés à payer une amende de 1 million de francs CFA pour non-respect des mesures sécuritaires liées à l'état d'urgence du coronavirus. Ce sont là les secondes sanctions officielles prises jusqu’à aujourd’hui contre des contrevenants aux mesures barrières prises pour combattre le coronavirus, après celles punissant des artistes qui avaient célébré en grande pompe l’anniversaire de l’une d’entre eux.
Rigueur « Il faut de la rigueur si on veut arriver à faire respecter les règles que l’on prend. La sensibilisation a ses limites », explique Marius Comoé, Président du Conseil national des organisations de consommateurs de Côte d'Ivoire (CNOC-CI). Selon lui, la seule manière de dissuader les réfractaires, c’est d’appliquer les sanctions annoncées. Le porte-parole de la police, Charlemagne Bleu, a notamment durci le ton depuis la hausse des cas de contamination. Beaucoup d’Ivoiriens, selon lui, ne respectent pas les dispositions, dont l’interdiction des sports collectifs. Et tous ceux qui seront pris, promet M. Bleu, seront sanctionnés. Pareil pour la consommation de viande de brousse. « Pour l’instant, il n’y a que des amendes et elles ne sont pas substantielles. Cela ne dissuade pas assez », regrette Marius Comoé. D’après le Président du CNOC-CI, il faut non seulement augmenter les amendes, mais aussi médiatiser les cas de condamnation pour envoyer un message fort. Sauf que souvent les réfractaires n’écopent que de peines avec sursis et que cela n’est pas de nature à intimider une catégorie de personnes encline à la violation des règles.
Raphaël TANOH