À un an presque jour pour jour de l’élection présidentielle de 2020, à laquelle elle se prépare, une partie de l’opposition pourrait ne pas y participer. Absente de la Commission électorale indépendante, elle estime que les dés seront pipés.
Après avoir participé aux deux premières réunions qui ont abouti à la recomposition de la Commission électorale indépendante (CEI), une partie de l’opposition, dont le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et la coalition Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), avait par la suite émis des réserves quant à la conduite de ce processus. Cela n’avait pas empêché les autres partis et la société civile de poursuivre les débats. Mais le PDCI et EDS continuent de dénoncer une « CEI non équilibrée et contraire aux recommandations de la Cour africaine des libertés et des droits ».
Politique de la chaise vide En attendant que la Cour ne se prononce sur la composition actuelle de la CEI, l’opposition compte maintenir la pression sur le pouvoir afin d’obtenir une réouverture du dialogue. « La CEI actuelle n’est pas équilibrée et le gouvernement et le parti au pouvoir y sont surreprésentés », dénonce Maurice Kacou Guikahué, Secrétaire exécutif du PDCI. Son parti a déjà boycotté la CEI et pourrait bien envisager, s’il n’obtient pas gain de cause, de boycotter également l’élection présidentielle de 2020. « Ce n’est pas dans les habitudes du PDCI de boycotter des élections, mais nous ne pouvons aller à un scrutin où les dés sont pipés. Nous ne pouvons pas accompagner le RHDP dans son passage en force », laisse entendre un cadre du parti. Si la participation à l’élection présidentielle de 2020 est liée à l’agenda de la Cour pénale internationale (CPI) concernant l’affaire Laurent Gbagbo, ses proches, absents des élections depuis 2011, montrent de moins en moins d’intérêt pour la présidentielle de 2020. « L’idée est d’y participer, mais pas à n’importe quel prix », confie l’un des Vice-présidents.
Dialogue de sourds Mais le gouvernement et le RHDP n’entendent pas les choses de cette oreille. Pour eux, le débat sur la CEI est loin derrière et il faut déjà « entrer en précampagne et faire valoir ses arguments. Nous attendons les candidats de l’opposition sur le terrain des propositions », lance l’un des députés de ce parti, qui estime qu’il « faut sortir des arrangements politiques autour de questions comme la CEI afin de permettre un climat apaisé pour la prochaine élection. Côté diplomatique, on attend la décision de la Cour africaine avant de se prononcer. Si le RHDP ne veut plus revenir en arrière, l’opposition n’écarte pas non plus de bloquer le processus en boycottant le recensement électoral.
Ange-Stéphanie DJANGONE