Fraudes aux examens : Chassez le naturel…

Malgré la répression, la fraude reste un fléau difficile à combattre.

Depuis maintenant plusieurs années, la fraude aux examens scolaires est devenue une préoccupation majeure. Les auteurs trouvent de plus en plus de ressources pour contourner les mesures prises.

En dépit des efforts incessants des autorités (sensibilisation, informatisation, sanctions), le pourcentage de la fraude aux examens scolaires continue de croître. Pour le baccalauréat, ce taux est passé de 0,1% en 2017 à 2,3% en 2019, selon Ibrahima Kourouma, l'Inspecteur - coordinateur général du ministère de l'Éducation nationale, de l'enseignement technique et de la formation professionnelle. Et rien n’indique pour l’instant que ces chiffres vont baisser.

Accentuer la répression À titre d’illustration, en 2017, 208 cas de fraude ont été officiellement enregistrés  au Bac pour 242 208 candidats, tandis qu’en 2018, 1 516 cas de fraude étaient recensés pour 256 452 postulants à ce diplôme. Malgré la sévère politique de lutte contre l’utilisation des téléphones portables lors des épreuves, 6 250 cas de tricherie ont été constatés au baccalauréat en 2019, alors que le nombre de candidats était de 273 342. 60% des présumés fraudeurs sont des candidats officiels et 40% des candidats libres, d’après le ministère de l’Éducation nationale. « Nous avons affaire à un phénomène qui prend de l’ampleur. C’est une situation qui s’explique par l’évolution des technologies de l’information et de la communication », croit comprendre Jean-Roger Boto, Vice-président de l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (UNAPEECI). Si l'Inspecteur - coordinateur général du ministère de l'Éducation nationale annonce des enquêtes pour situer les responsabilités, selon Abba Eban, Président du Mouvement national des enseignants de Côte d’Ivoire (MUNECI), il est clair que des enseignants sont souvent impliqués dans ces pratiques honteuses. « C’est quelque chose qui commence déjà en classe, avec ce qu’on a appelé les notes sexuellement transmissibles. Quand ce ne sont pas les enseignants qui suscitent cela, ce sont les élèves eux-mêmes », signale-t-il. Pour lui, le même processus se transpose aux examens. Car, dit-il, l’enseignant est déjà dans une certaine prédisposition : la tolérance à la tricherie. Jean-Roger Boto estime que la culture du mérite a toujours fait défaut. « Les élèves constatent par eux-mêmes qu’on n’a pas besoin d’être excellent pour réussir. Ils le voient tous les jours autour d’eux. C’est ce qui doit changer. Il faut mettre le mérite en avant si on veut faire comprendre à nos enfants qu’il faut travailler pour réussir », poursuit-il.  Ensuite, ajoute le Vice-président de l’UNAPEECI, il faut punir sévèrement. Très souvent, selon M. Boto, les personnes arrêtées sont aussitôt relâchées ou les élèves pris en train de frauder ne sont pas exclus.

Raphaël TANOH

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