Frais « annexes »: Obligatoires et indispensables ?

La ministre de l’éducation Kandia Camara milite en faveur d’une uniformisation des frais annexes.

Chaque année, à la rentrée scolaire, les parents d’élèves se font du mouron pour leurs enfants. En plus des fournitures scolaires, il faut faire face aux coûts supplémentaires inhérents à l’inscription. Communément appelés « frais annexes », ils varient d’une école à une autre et provoquent très souvent le courroux des Ivoiriens. Une situation pose aujourd’hui la question de la participation des parents à l’effort de l’État.

Mardi 11 septembre dans la matinée. L’atmosphère autour et dans l’enceinte de l’université Félix Houphouët-Boigny est… piquante. Une horde d’étudiants et d’élèves, parfois torse nu, essuient des tirs nourris de gaz lacrymogènes depuis maintenant une bonne demi-heure. Leur manifestation contre les frais annexes à l’école est allée trop loin. Après avoir délogé les élèves de plusieurs établissements secondaires et perturbé les inscriptions dans certains, ces jeunes gens ont pris pour cibles le lycée moderne de Cocody et le collège Jean Piaget pour dénoncer, entre autres, le coût élevé des inscriptions. Sauf que cette fois-ci, la police les attendait de pied ferme. Abondamment gazés, les manifestants finissent par prendre leurs jambes à leur cou. Mais, loin d’être un cas isolé, cet évènement illustre à quoi ressemble la rentrée scolaire en Côte d’Ivoire depuis environ trois ans : manifestations de rues et perturbations de cours. En cause, un problème auquel on a du mal à faire face à cause de sa nature amphigourique : « les frais annexes ». L’année dernière, les manifestations contre ces frais avaient perturbé le début de l’année scolaire jusqu’à l’intervention de la ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Kandia Camara avait alors décidé de plafonner les inscriptions dans le privé à 37 000 francs CFA (pour les affectés de l’État) et les cotisations des Comités de gestion dans les établissements publics (COGES) à 3 000 francs. Pas plus.

Perturbations Sauf  que, sur le terrain, aucune de ces mesures n’a été suivie.  Au lycée moderne de Cocody, par exemple, le COGES exige 5 000 francs à l’inscription. Une inscription physique est également obligatoire et fixée à 3 500 francs. Pour payer, entre autres, les rames de papier et le papier toilette ! Frais auxquels il faut ajouter 2 500 Francs CFA pour le livret scolaire et le carnet de correspondance.  Au collège moderne du Plateau, le COGES demande aux élèves de payer 5 000 francs CFA également.

Dans le privé aussi les frais n’ont pas baissé d’un iota. Au groupe scolaire Adama Sanogo (Plateau-Dokui), l’inscription pour les orientés de l’État est fixée à plus de 40 000 francs CFA. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde. « Quand on oriente un élève dans un établissement privé de Cocody, le parent peut se retrouver à débourser des sommes astronomiques à l’inscription de son enfant alors qu’il n’en a pas les moyens. Il n’y a pas que les parents riches dont les enfants sont orientés dans ces écoles. Ce sont des choses que nous dénonçons », regrette Siaka Traoré, Secrétaire général du Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (SYNESCI). Ces frais, selon lui, n’ont rien à voir avec la subvention que l’État est censé verser à l’école en question. Alors, s’interroge l’enseignant, pourquoi exiger de telles sommes ?  « Le ministère de l’Éducation nationale a plafonné les inscriptions à 37 000 francs dans ces écoles. Malheureusement, cela n’est pas respecté, au vu et au su de tous », lancent désabusés plusieurs parents d’élèves. Karamoko Traoré, Secrétaire national du Comité des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (CEECI) a tenu récemment une conférence de presse à Bouaké sur la question. Au privé comme au public il y a problème, à partir du moment où il n’y a pas de limite dans la fixation de ces frais. « Il ne faut pas laisser le parent d’élève entre les mains de nos chefs d’établissements et des COGES. L’État doit intervenir », plaide Traoré. Des propos soutenus par N’Guessan Kouakou, Président de l’Association des parents d’élèves libres de Côte d’Ivoire. « Il y a trop de frais qui sont soumis aux parents. Où va cet argent ? », se demande ce haut cadre, qui pense qu’ils ne sont pas obligés de mettre autant la main à la poche à chaque rentrée scolaire.

Scolarité gratuite ? En d’autres termes, pour M. Kouakou, où est passée la notion de gratuité de l’école? Mais la question qu’il faut plutôt se poser est de savoir si l’école peut être gratuite. « Non. Et nous sommes conscients de cela. Ce que nous voulons savoir au sujet des frais annexes, c’est ce que l’on fait de nos cotisations. Sont-elles utilisées à bon escient ? », recadre Claude Kadio Claude, Président de l’Organisation des parents d’élèves et d’étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI). Pour une école de qualité, d’après M. Kadio, il faut payer et payer encore. « Nous sommes prêts à accompagner l’État dans ce sens. Nous voulons juste qu’on nous dise ce que devient notre argent », ajoute-t-il. Ce que devient l’argent ? D’après l’Inspecteur général Kouadio Kouamé, Directeur de l’animation, de la promotion et du suivi des Comités de gestion des établissements scolaires (COGES), il y a trop de problèmes au sein des établissements pour se poser une telle question. « L’État a construit et continue de construire des écoles et des salles de classes. Chaque année, des milliers d’enseignants sont affectés dans ces établissements. Mais cela ne suffit pas. Lorsque les tables-bancs installées dans ces écoles sont abîmées, faut-il attendre que l’État vienne les réparer ? Quand la toiture de la cantine s’envole après une tornade, est-ce l’État qui doit venir s’en occuper ? », interroge l’Inspecteur général. Dans la loi relative à l’enseignement, selon lui, il est clairement établi que la communauté participe à l’effort de l’État. « Chaque école a ses problèmes. Et il revient aux COGES, en Assemblée générale (AG), de situer ces problèmes et ensuite de lever des fonds pour les résoudre », précise-t-il. Et l’Assemblée générale est tenue en présence des parents d’élèves. « Tous les fonds levés au niveau des COGES le sont au cours d’une AG. Et tout est contrôlé », poursuit M. Kouadio, qui ne comprend pas qu’après cela certains parents parlent encore de frais annexes. Une terminologie qui, à l’entendre, ne devrait même pas exister, car elle sous-entend que les dépenses pour lesquelles lesdits frais sont demandés ne seraient pas indispensables. Ce qui n’est pas juste, selon le fonctionnaire. Au niveau des fondateurs du privé, on est plus laconique. Selon M. Gohidé Tiémoko, membre de la Fédération nationale des établissements privés laïcs de Côte d'Ivoire (FENEPLACI), les coûts élevés de l’inscription dans les établissements privés s’expliquent par les charges que ces écoles doivent gérer tout au long de l’année scolaire. D’autant que l’État ne verse pas toujours à temps les scolarités des élèves affectés ou orientés. Une réglementation ? Pas sûr. Du moins, à entendre la ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Kandia Camara. « Les frais annexes, c’est légal (…) L’État essaie de faire ce qu’il peut, mais parfois les parents eux-mêmes se cotisent et font face à ces difficultés (…) », expliquait-elle dimanche dernier. La participation des parents à l’effort de l’État a toujours été une évidence pour la ministre, qui leur demande de faire preuve d’un peu de civisme et d’éviter les amalgames. D’ailleurs, elle rappelle que pour la présente rentrée scolaire 4 681 nouvelles salles de classes pour le primaire et 37 nouveaux collèges ont été construits. Côté ressources humaines, 5 000 nouveaux postes d’instituteurs viennent s’ajouter aux 78 544 existants. Et, dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de gratuité, 14 milliards de francs CFA ont été mobilisés cette année pour la distribution des kits et manuels scolaires dans toutes les écoles publiques.

Raphaël TANOH

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