Longtemps contestée par des partis de l’opposition, la commission électorale indépendante, version Youssouf Bakayoko, vient d’organiser ses dernières élections. La page de cette commission devrait être tournée dans les mois à venir.
Au cœur du débat politique depuis plus d’une décennie, la Commission électorale indépendante (CEI) n’a jamais fait l’unanimité. Accusée de partialité, la commission elle-même et les personnes qui la composent n’ont jusqu’à là jamais obtenu la confiance de l’ensemble des acteurs politiques. Après avoir remis en cause l’organisation des scrutins par le ministère de l’Intérieur, plusieurs pays africains ont créé des commissions électorales indépendantes. Mais les expériences réussies du Sénégal et du Ghana sont loin d’être partagées.
Avec ou sans les politiques ? Les débats sur la recomposition de la CEI, de source proche du Premier ministre, devraient reprendre avant la fin décembre dans le cadre de la reprise du dialogue politique. Dialogue qui sera piloté par Amadou Gon Coulibaly lui-même. L’inconnue à date, demeure la participation ou non de la branche du FPI incarnée par Aboudrahamane Sangaré. Le camp présidentiel et celui de Sangaré ont montré ces temps-ci leur volonté de se rencontrer et d’échanger, au point que pour bon nombre d’observateurs, presque plus rien n’empêche les deux camps de se retrouver autour de la même table de discussion. Mamadou Koulibaly, ex-président du parlement (2000-2011), mettant le pied dans le débat, souhaite une « commission où il n’y pas d'hommes politiques, car elle doit rester neutre. » Soutenant son argumentation, ce dernier estime que les « politiques ne peuvent être juge et partie. » Une position que ne partage pas Pascal Affi N’Guessan, pour qui la présence de représentants des partis politiques « ne remet nullement en cause l’indépendance de la structure électorale. » Sans faire de propositions dans l’immédiat, mais souhaitant que l’opposition soit mieux représentée, avec une réduction du nombre de représentants des institutions étatiques, il opte plutôt pour une solution « de consensus entre tous les acteurs politiques. » Autre option évoquée dans les salons de certains cadres du parti au pouvoir, la possibilité de confier la gestion des élections au ministère de l’Intérieur. « C’est une option. C’est d’ailleurs ainsi dans les grandes démocraties auxquelles nos pays se comparent et il ne faut pas l’écarter », soutient un membre du secrétariat national du Rassemblement des républicains (RDR) en charge des questions électorales. Le débat de fond n’est pas encore à l’ordre du jour au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), dont le principal objectif demeure le changement du président de la CEI, Youssouf Bakayoko en poste depuis 2010 et dont le mandat a été renouvelé en 2014.
Ouakaltio OUATTARA