Sociologue à l’Université Félix Houphouët Boigny
1 - Comment expliquer qu’il y ait encore des réfugiés, cinq ans après ?
L’une des explications réside dans les relations au sein de ceux qui sont en exil, dont le mentor Laurent Gbagbo est à la CPI. Ils trouvent insécurisant de rentrer. Par ailleurs, leur parti politique a éclaté et a du mal à retrouver sa cohésion. Enfin, les procès qui ont lieu actuellement en Côte d’Ivoire peuvent accentuer cette sensation de se sentir démunis. À leur place, j’hésiterais aussi à rentrer, donc.
2 - Les mesures qu’il fallait prendre pour les faire reve- nir ont-elles été prises ?
Il y a eu toute une série de mesures institutionnelles. Nous avons un ministère des Affaires étrangères et un autre de l’Intégration en charge de ce dossier. L’État travaille donc à faire rentrer les gens, mais le problème réside plutôt dans le fonctionnement de ces institutions. Les réfugiés reviennent au compte-goutte, par groupes de 40 ou 50. Si la sécurité militaire est là pour faire face aux risques terroristes, il faut améliorer la sécurité politique, notamment en libérant les prisonniers politiques, par exemple.
3 - La société civile a-t-elle un rôle à jouer dans ce retour des exilés ?
La société civile est même la pièce maitresse pour jouer sur l’équilibre des forces. Mais comme dans beaucoup de pays d’Afrique, elle n’est pas assez forte, elle est facilement « phagocy- table » et corruptible. Je la vois mal affronter le pouvoir politique. On peut plaider pour voir à l’avenir une plateforme en vue d’un partage du pouvoir entre le gouvernement et la société civile.