Ils ne sont nombreux à y être arrivés. Les exemples en Afrique, notamment en Afrique de l’ouest francophone, d’ex Présidents du Parlement devenus Présidents de la République, en 60 ans d’indépendance, se comptent sur le bout des doigts.
Double constitutionnel du Président de la République dans plusieurs pays, le poste de Président du Parlement apparait pour certains hommes politiques comme la dernière marche avant la gloire. Des échecs, il y en a. Des réussites aussi, mais elles se comptent. Certains en héritent au final, là où d’autres n’y arrivent qu’après de nombreuses intrigues.
Héritiers Au décès d’Eyadema Gnassigbé, le 5 février 2005, alors que le Président de l'Assemblée nationale, Fambaré Ouattara Natchaba, est hors du pays, l’armée s’invite à la succession, contraignant ce dernier à rester loin du Togo. L’élection de Faure Gnassingbé en tant que Président du Parlement est approuvée à l'unanimité par les députés (98% d'entre eux étaient membres du parti au pouvoir) présents à l'Assemblée nationale à l'époque. Il occupera le poste jusqu’au 4 avril de la même année, avant d’être investi Président de la République. Le Parlement supprimera par la suite l'obligation constitutionnelle de tenir des élections dans les 60 jours suivant le décès du Président, permettant ainsi au jeune Gnassingbé de se maintenir jusqu'à l'expiration du mandat de son père, en 2008.
En 1993, à l’annonce officielle du décès de Félix Houphouët Boigny et face à des menaces internes au PDCI, Henri Konan Bédié se proclame Président de la République dans la foulée. Il se fera élire en 2015, l’opposition ayant boycotté le scrutin.
De la disgrâce au Palais Macky Sall, Président du Parlement sénégalais de 2007 à 2008, ou encore Roch Marc Christian Kaboré, Président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso de 2002 à 2012, devenus Présidents de leurs Républiques respectives, ont connu un chemin plutôt différent des « héritiers », mais quasi identique. En disgrâce avec l’Exécutif, notamment sur les questions de succession, ils prennent chacun leurs distances vis-à-vis du pouvoir central. Ils parviendront finalement au trône, profitant, pour le premier, de l’usure au pouvoir Abdoulaye Wade et, pour le second, de la chute de Blaise Compaoré après un soulèvement populaire. Guillaume Soro est ses partisans comptent bien s’inspirer de ces deux cas. « Ne dit-on pas jamais deux sans trois ? », lance un proche conseiller de l’ex Président de l’Assemblée nationale ivoirienne, qui estime que « le chemin qui mène à la présidence est tout tracé en 2020 en faveur de Guillaume Soro ». Il y croie donc, même si pour Frank Kouamé, politologue, en politique « il ne faut pas transposer les exemples d’autres pays et espérer les copier à l’identique ».