Le grand test pour les réformes de la ministre Kandia Camara

L’année scolaire 2017-2018 qui s’annonce à priori calme, devrait favoriser la mise en œuvre des réformes.

Ouvertes depuis le 5 juillet, les inscriptions en ligne pour la rentrée scolaire 2016 - 2017, sauf nouveau calendrier, prennent fin ce 7 septembre. La rentrée des classes devrait ainsi être effective le lundi 11 septembre. Une rentrée qui s’annonce inédite, avec les réformes portées par la ministre de l’Education nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Kandia Camara. Il s’agit, entre autres, de l’allégement des conditions d’admission en classe supérieure et du quantum horaire à atteindre afin d’élever le niveau des élèves ivoiriens, qui, selon la Banque africaine de développement (BAD), sont à la 172è place sur 178 pays dans le développement du capital humain.

Le premier pari à gagner pour le ministère de l’Education nationale est, selon son Chef de cabinet, Abdoulaye Kouyaté, celui de 100 % des élèves inscrits à la date du 7 septembre, sur un total de 2 millions d’élèves attendus contre 1,8 million en 2016 - 2017. Débutée timidement le mercredi 5 juillet, l’inscription en ligne connait, à quelques jours de la rentrée scolaire, de plus en plus d’engouement révèle-t-il. «Quatre opérateurs de paiement mobile (MTN, Orange, Moov et Celpaid) sont les partenaires de mise en œuvre. Ils offrent des points de paiement des frais d’inscription de proximité et chaque utilisateur de téléphone mobile ayant un compte mobile créditeur peut faire son paiement partout où il se trouve», assure M. Kouyaté. Coût de l’inscription : 3 000 francs CFA pour les établissements privés et 6 000 francs CFA pour le public. Difficile d’avoir des statistiques journalières, mais au ministère, l’on estime être sur la bonne voie pour qu’à la date du 11 septembre les premiers enseignements pour l’année scolaire 2017 - 2018 soient effectivement donnés.

Pilule amère Prise en début d’année scolaire 2016 - 2017, la réforme instaurant les cours le mercredi matin pour les élèves du primaire avait connu une levée de boucliers des enseignants, avant de se greffer sur les revendications générales des agents et fonctionnaires de la fonction publique. Certains s’étaient par la suite soumis à cette décision, quand d’autres ont continué à la boycotter. Le gouvernement et les parents d’élèves étaient impuissants face à cette situation. « Les enseignants qui le voulaient le faisaient et les autres non, préférant vaquer à d’autres occupations » lance, désabusé, Claude Kadio Aka, Président de l’Organisation des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire, craignant que cela ne se poursuive encore pendant l’année qui s’ouvre. « On assistera ainsi à une scolarité à deux vitesses, si rien n’est fait pour rapprocher les syndicats et le ministère, qui restent dos à dos, chacun campant sur sa position. » La satisfaction de plusieurs points de revendication des fonctionnaires intervenue début août dernier devrait pouvoir calmer les ardeurs des instituteurs, pense-t-il cependant. L’obtention d’une trêve sociale par le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, devrait peser dans la balance afin de ramener les enseignants récalcitrants à rentrer dans les rangs. Toutefois, au ministère en charge de l’Education nationale, l’on estime que la question n’est plus à l’ordre du jour et que des sanctions pourraient être prises contre tout enseignant réfractaire. Quoi que, de mémoire, dans l’éducation nationale les bras de fer n’ont jamais tourné en faveur du ministère.

Des innovations La rentrée 2017 - 2018 sera un test pour des nouvelles réformes de la ministre Camara, suite à un rapport peu flatteur de la Banque africaine de développement (BAD) pour le système éducatif ivoirien, en février dernier. Selon l’institution financière africaine, qui classe  la Côte d’Ivoire à la 172è place sur 178  pays dans le développement du capital humain, il connait une grave crise. Pour y remédier, l’administration Camara propose désormais des aménagements au niveau du passage en classe supérieure à l’école primaire (CP1 au CM2) et au premier cycle du secondaire (6è - 3è). Dorénavant, expliquent les services du ministère, au niveau du primaire, les premières années de chaque niveau (CP, CE et CM), à savoir les CP1, CE1 et CM1, passent automatiquement en classe supérieure. Il n’est plus besoin de moyenne ni de composition de passage pour décider si un élève poursuit son parcours ou s’il doit redoublerla classe. Tout le monde est admissible et ces classes ne représentent plus que des échelons préparatoires pour affronter les deuxièmes années que sont les CP2, CE2 et CM2. Cette décision vise à  aller à l’essentiel et à permettre ainsi aux élèves d’apprendre l’indispensable, à savoir lire, écrire et calculer. Pour les dernières classes citées, la moyenne de passage classique, fixée à 5 / 10 a été rabaissée à 4. Dorénavant, avec seulement 4 / 10 de moyenne, les élèves de CP2 et de CE2 primaire peuvent passer à l’étape suivante. Au niveau des élèves du premier cycle du secondaire, il faut désormais 9 de moyenne sur 20 pour aller en classe supérieure au niveau des classes de 6è, 5è, 4è et 3è.  « Ces mesures ont pour but de permettre aux élèves d’apprendre l’essentiel en classe tout en évitant les renvois handicapants, qui mettent hors du circuit des enfants qui finiront dans la rue ou dans des plantations. Cela  devrait aussi permettre aux parents de limiter les dépenses pour leurs progénitures les moins performantes », explique la ministre Kandia. Francis Ndem, expert en éducation de la Banque mondiale, qui soutient cette réforme, explique qu’en Côte d’Ivoire le taux de redoublement reste élevé et que le taux d’expérience de vie à l’école reste faible. Alors qu’il est de 8 ans en terre ivoirienne, il est de 14 dans d’autres pays, avec un faible niveau des élèves en français et en mathématique. En 2015, par exemple, les taux de redoublement avaient été 17 % au primaire, de 14,8 %  aux premier et second cycles et de 16,7% dans l’enseignement secondaire. Mais, avec l’investissement de l’État ivoirien dans l’éducation, qui est de 5% de son produit intérieur brut (PIB), le plus élevé dans la sous-région ouest africaine, la ministre estime que les résultats devraient être proportionnels. « Nous devons faire en sorte que nos collaborateurs aient la vocation. Il faut maintenir l’obligation de résultats » défend-t-elle.

Levée de boucliers Ces réformes, si elles rassurent élèves et parents d’élèves, soulèvent des inquiétudes au sein du enseignants et des conseillers d’orientation. Dah Sié, conseiller pédagogique dans un établissement abidjanais, est sceptique. « Cette réforme sur les moyennes de passage valorisera encore plus la médiocrité au sein des classes », lance-t-il, invitant à des réformes sur la qualité de l’enseignement plutôt qu’à une incitation « à l’improductivité intellectuelle ».  Il estime qu’avec 60 à 80 élèves parfois par classe, l’accent doit être plutôt mis sur la performance des enseignants, l’amélioration du système des subventions des écoles privées et une amélioration des dépenses publiques au sein du secteur de l’éducation. Même son de cloche pour Mesmin Comoé, Président du mouvement des instituteurs pour la défense des droits (MIDD), pour qui les nouvelles réformes engagées par le ministère de l’Education nationale pourraient être  perçues comme « une bouée de sauvetage pour les élèves en difficulté». Certains enseignants, en revanche, estiment que les réformes, si elles sont à saluer, ne leur laissent pas très souvent le temps de bien s’en imprégner avant qu’on en annonce de nouvelles. «  Chaque ministre arrive avec ses collaborateurs et ses réformes. Et nous avons l’impression d’être toujours au point de départ dans l’amélioration de notre système éducatif» explique Brahima Koné, instituteur, 50 ans et  23 ans d’expérience. Pour lui, il y a même un peu trop de réformes et cela n’est pas fait pour la stabilité du système. « Nous sommes passées de la formation par visuel à l’approche par compétences, en passant par la pédagogie par objectif et la formation par compétences, sans jamais véritablement nous familiariser avec chacune des méthodes, encore moins faire des bilans » se désole-t-il. De façon générale, il se dégage le sentiment selon lequel il est en effet difficile d’imaginer un système efficient sans des enseignants motivés et performants, des écoles privées efficaces et un équilibre entre les dépenses administratives et celles en équipements.Si ces trois pistes sont importantes, prises individuellement, elles sont complémentaires. L’amélioration du corps des enseignants passe par une adéquation du matériel scolaire et un accompagnement administratif.

Ouakaltio OUATTARA

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