En 1992, la gauche ivoirienne se construisait, en plus du FPI, autour du PIT et de l’USD. 26 ans après, ces deux partis ont connu des trajectoires différentes et certains de leurs cadres ont abandonné le navire en cours de route.
Début des années 1990, le multipartisme est de retour, sous l’impulsion du Front populaire ivoirien (FPI). Il prend vite forme au sein des universitaires, les maitres à penser de l’époque, qui sont tous de la gauche socialiste. Francis Wodié crée le Parti ivoirien des travailleurs (PIT) et feu Bernard Zadi Zaourou met sur pied l’Union des sociaux-démocrates (USD). Fers de lance de la contestation face au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), ces partis élitistes s’essoufflent très vite et laissent la place au FPI, qui en profite pour prendre le leadership de l’opposition.
À la traine Très tôt étouffés par le FPI et le Rassemblement des républicains (RDR), ces partis ont du mal à s’implanter sur le territoire national. Longtemps présidé par Francis Wodié, le PIT se retrouve avec deux Présidents depuis la retraite politique de ce dernier, en 2012. Bien avant, il avait vécu le départ pour le FPI de figures comme Laurent Akoun, Bruno Gnaoulé Oupoh et Kessié Koudou, ce qui avait contribué à le fragiliser. Aujourd’hui, le PIT est partagé entre des militants favorables à Joseph Séka Séka, allié de l’alliance au pouvoir (RHDP) et d’autres favorables à Ahizi Aka, penchant du côté de l’opposition, elle-même aujourd’hui divisée en deux blocs. C’est un parti essentiellement composé d’enseignants d’université qui, selon le Professeur Christophe Koffi, n’a pas su « se fondre dans la masse populaire pour mener son combat ». L’USD du Professeur Bernard Zadi connait quant à elle une traversée du désert depuis la retraite politique de son fondateur et n’est plus que l’ombre d’elle-même. « L’héritage de Zadi a été lourd à porter », tranche le Professeur Koffi, avant d’ajouter « l’un des problèmes pour la survie des partis politiques en Côte d’Ivoire réside dans la forte personnalité de leur fondateur et la faiblesse de leurs potentiels héritiers ». Chemin faisant, plusieurs petits partis de gauche ont vu le jour mais ont fait long feu. Leur survie se réglant parfois par des jeux d’alliances. Figure de l’opposition dès les années 1990, Moriféré Bamba, qui créa plus tard le Parti pour le progrès et le socialisme (PPS), a également fait face à une dissidence menée par Mathias Kakou avant de reprendre les rênes d’un parti désintégré et sans véritable assise. Les déconvenues politiques de ces trois leaders majeurs de l’époque (Wodié, Zaourou et Moriféré) n’ont pas permis, selon certains observateurs, de sortir la classe politique ivoirienne de certains clichés identitaires
Ouakaltio OUATTA RA